La « créativité », mise au service des inductions alimentaires, afin de nous influencer dans nos choix. Bons ou mauvais ?
Avant toute chose, il est important de rappeler que lorsque l’on est directeur de création, au sein d’une agence de communication, on connait le besoin nécessaire d’éducation graphique que l’on doit « porter » chaque jour vers le consommateur. Les Français ne sont pas les mieux placés pour appréhender le graphisme, en général. Il s’agit d’une éducation liée à la culture et au système éducatif sanctionné par les mathématiques. Une grande part d’insensibilité a tout code visuel, est aussi vraie par la seule préemption accordée à notre écriture. En effet, les pays utilisant des calligraphies ont une approche plus cohérente avec le graphisme et comprennent son utilisabilité. Nos enfants sont dans un système scolaire dénué de tout sens artistique éducatif et les claviers d’ordinateurs ne sont pas là pour arranger les choses. Résultats scolaires rationnels, matheux, littéraires… mais pas artistiques, et quand bien même déconsidérés et rarement valorisés.
C’est-à-dire que le changement de comportements alimentaires prend place dans une démarche ou l’on pense, ou l’on réfléchit. L’abnégation de tout savoir devient le fruit d’une inondation d’information. Les créatifs réfléchissent différemment. Ils se laissent séduire par une beauté, une publicité, un concept visuel, mais réagissent plus vite à un message qui ne correspond pas à leurs attentes.
Cette histoire nous rappelle qu’il est nécessaire d’oublier tant pour ne pas saturer inutilement nos mémoires et surtout pour enclencher un acte de modélisation.
Ce point est primordial pour comprendre le frein à un changement comportement.
Vous serez surpris de découvrir que le vécu de chacun n’apporte pas les mêmes résultats. Plus simple encore. À la sortie d’un film, accompagné de 3 amis. Vous aurez 4 versions « modélisées » de ce même film et c’est tant mieux.
Nous fonctionnons avec des informations classées ainsi :
1) EN NOUS :
Nous construisons des modèles, de tailles différentes pour représenter notre vision du sujet.
L’induction.
2) EN FACE :
Nous gérons, nos doutes et nos incertitudes pour appréhender le changement et la représentation des objets.
Nous subissons le changement.
La déduction.
Dans les deux cas, nous fonctionnons sur trois types d’actions.
JE CONSTRUIS :
Le mode « Eureka« . L’idée géniale, la projection de la pensée appliquée. La pure créativité.
JE SUBIS :
Le mode « Caramba« . L’effondrement de la logique. La remise en question créative.
JE COMPREND :
Le mode « Rires« . Le déclenchement, l’absolution créative.
Et tout cela pour en venir où ?
Une histoire anecdotique… « Si vous donnez du grain à des dindes tous les jours en sifflotant et que vous répétez 150 fois cette action. Vous serez alors perçu par vos dindes comme un fermier sympathique. Mais la veille de Noël… » Ça fait sourire ? Déclenchement du principe même qu’un humoriste utilise : la représentation. Pour revenir à notre histoire, nous sommes tous des dindes. Nous absorbons facilement une « induction » favorisant une mauvaise « déduction« . Les messages agroalimentaires nous apportent une mauvaise vision du sujet. Où plutôt, nous apportent « leurs » visions préfabriquées de l’alimentation ? Nos cerveaux, de nature à appliquer la solution la plus simple et la moins fatigante, ne prennent plus le recul nécessaire et, telles des dindes, nous absorbons une réalité nutritionnelle biaisée, construite avec un schéma, une modélisation quelque peu intéressée.
Personne n’échappe à ce phénomène. Strictement personne.
Mais d’aucuns – les consommateurs avertis peut-être ? – le savent et anticipent des alternatives en occultant des informations « parasites » et des lieux « néfastes » afin de se laisser une dernière chance sur la pensée … la raison gardée.
© merci à Luc de Brabandere