ENQUÊTE SUR DIX ANS : 2002-2012
Dans ce procès d’augmentation des prix, l’Euro n’est pas seul responsable et il est peut-être utile de refaire le point sur cette course à la flambée.
Il est inutile de contester ces chiffres, ils sont bien réels et ils coupent l’herbe sous les pieds de tout « trouble-fête » souhaitant évoquer une quelconque flambée.
Toutefois, malgré la véracité de ceux-ci, ils sont néanmoins trompeurs, car l’inflation telle que la calcule l’INSEE n’est que moyenne de milliers de prix relevés mensuellement et ne reflète que trop peu les fortes hausses de certains produits.
Pour coller un peu plus à la réalité, QueChoisir a proposé un calcul différent ramené au coût des produits lié au temps de travail nécessaire pour les payer sur la même période (2002-2012). Les calculs suivants sont basés sur un SMIC au 1er janvier 2002 à 6,83 € bruts et au 1er décembre 2011 à 9,19 € bruts.
Si l’on prend le cas de la baguette de pain, si chère (sans jeu de mots) aux Français. Elle est passée de 0,67 à 0,85 €, soit une hausse de 27 % largement supérieure à l’inflation annoncée de 15,2 %. Pourtant, un smicard travaillera 20 secondes de moins pour se la payer aujourd’hui augmentant de ce fait son pouvoir d’achat. Mêmes chiffres, avec une approche différente, vous suivez le raisonnement ? Alors je continue… Toujours, selon QueChoisir, un poulet Label rouge d’un kilo a, en dix ans, dépassé trois fois l’inflation avec une progression de 47 % (contre 15,2 annoncé) et ce même smicard devra travailler 4 min 33 s de plus pour l’acquérir.
Coupable mais pas seul responsable.
L’Euro n’est pas seul responsable, il a servi de levier à un changement d’unité psychologique.
Il y a moins de dix ans, qui aurait acheté du thé à 80 francs les 100 grammes, du pain au poids à 66 francs les deux morceaux, la baguette à l’ancienne à 10 francs, la tarte (décongelée) du boulanger du coin à 17 francs ou des sweats « bas de gamme » à 131 francs… et pourtant, traduisez en euros et vous constatez que c’est ce que l’on fait, que c’est ce que l’on subit. La liste serait longue, je vais la finir en visuel avec un extrait de relevés de prix pratiqués par QueChoisir.
Lorsqu’en francs, nous arrondissions un article, comme une salade, à sa valeur plafond, nous pouvions au maximum lui ajouter 99 centimes de francs. Aujourd’hui, ce même réflexe est resté et la même envie d’arrondir au plafond supérieur un article le pousse à coup de 99 cents d’euros, soit presque 6,50 francs. Il s’agit là d’une énorme différence, car si nous prenons le cas d’un café ; au début les gens ne convertissaient pas forcément [puisqu’on leur disait de ne pas le faire pour s’habituer à pratiquer l’euro sans réfléchir :)] et l’augmentation de 50 cents pouvait faire sourire. Puis tout à coup, on s’est aperçu que le pain, le riz, les pâtes, le café, les boissons en distributeurs, augmentaient par palier de cinq ou six francs d’un coup.
Avec tout cela, pouvons-nous dire que « Tout est plus cher ? »
À vous de juger, mais il faut croire que non puisqu’on achète quand même, et cela en plus grande quantité » [source INSEE]