Il n’y a pas si longtemps que cela…
Aujourd’hui…
Le travail a changé.
Au rayon alimentation.
Ce sont trop souvent les enfants qui choisissent avec la carte bleue de leurs parents. Mais le plus regrettable est de voir que des adolescents en 2012, sont livrés à eux même le soir. Il y a 20 ans, vous n’auriez jamais vu des jeunes manger du fast-food sur des parkings ou dans des parcs. Sans éducation, ils ne débarrassent même plus la table, qui en l’occurrence est ici le bitume. Sachets, gobelets éventrés comme par provocation, comme par mépris, tel un rituel. Ils me font de la peine. Ils ont une image du bonheur préfabriquée par des géants de l’agroalimentaire.
Dans un autre registre, la culture.
Il est là tout le problème. Il est trop facile de nous abrutir des dernières technologies, tellement variées que nous multiplions les supports, et de nous reprocher de ne pas pouvoir suivre financièrement. Il en va de même pour le mp3 et les DivX. Sans cautionner le piratage, il est facile de constater que les consommateurs ont déconsidéré le talent de l’artiste. Vendus comme une boîte de conserve, ils la consomment de la même façon. Ils prennent, ils jettent. Plus de support, plus de pochettes, plus d’albums carton « collector ». Non ! Juste des fichiers nommés « sans titre » qui ne posent aucun souci aux utilisateurs dont ils ne connaissent même pas les auteurs et/ou interprètes. Triste culture quand on se rappelle, il y a seulement 20 ans, que nous étions pleinement satisfaits d’avoir voyagé, lu un livre ou vu un film alors qu’aujourd’hui, en enfants gâtés (ou blasés) nous ne sommes jamais rassasiés.
Lutter est difficile lorsque votre entourage vous parle de « culture ». Foutaises !! Qui n’a jamais croisé le « geek* » insatiable qui prédominent vos propres envies, en imposant sa boulimie médiatique. Il a tout vu, tout lu, tout entendu, ils ne supportent plus de passer après les autres. Il supporte plus facilement l’attente pour acheter le dernier cri technologique, dans un sac de couchage devant un magasin tout la nuit, que l’attente de 20 secondes à un passage clouté lorsqu’une vieille dame traverse.
Le comble c’est qu’ils deviennent mauvais public et dénigrent tout.
– C’était bien ?
– Bof, pas mal !
Aucun enthousiasme, une boulimie « culturelle » (si on peut parler de culture si l’on englobe les navets du box-office américain)
Tentations.
Dans un magasin de vêtements, vous surconsommez du textile à bas prix et devenez addict aux journées shopping, sans vous souciez une seule seconde des répercutions que peuvent avoir ces politiques de ventes de fringues « consommables » sur les matières premières et l’écologie. Une couturière baissant le rideau de sa boutique pour la dernière fois, me disait « On achète dans les boutiques pour jeune, un manteau à 120 euros qui a été produit pour 15 euros en chine et quand on vient me voir au bout de 6 mois pour refaire la doublure, on s’offusque de mes 80 euros de travail de retouche. C’est illogique, car du coup, on jette et on rachète… ils nous ont bien eu » Un ami, travaillant dans le marketing, m’a dit un jour « Je n’ai pas les moyens d’acheter bon marché ». Il sous-entend que tout compte fait, acheter des vêtements à bas prix coûte très cher à la fin de l’année, mieux vaut investir dans de la qualité. Mais qualité n’est pas synonyme de marque. Ce fût vrai, cela ne l’est plus.
« Miroir, dis moi que je suis le plus beau ».
Il est donc grand temps de se repositionner et de qualifier les marques en fonction de leurs critères écologiques, qualitatifs, tarifaires. Par expérience, je peux vous affirmer que vous trouvez sur le marché des marques de chaussures extrêmement chères et extrêmement fragiles qui n’arrivent même pas à rivaliser avec certaines copies légales bon marché.
Tout nous pousse à consommer, mais au final sans savoir pourquoi (sauf peut-être enrichir des actionnaires). Tout nous pousse à suivre comme des petits moutons, par peur d’être « has been* », comme saurait nous le rappeler le « geek* ».
Pour une société qui nous conditionne à trop consommer, trop manger, trop de soigner, trop changer, trop partir.
On commence à entendre l’ire de parents agacés, malmenés par les attitudes de leurs progénitures, mais n’est-il pas trop tard ? N’était-il pas nécessaire de dire « non » plus souvent, au bon moment ? Une intervenante du SAMU du var déplorait que la plupart des suicides d’enfants eussent pour raison initiale, l’état d’un enfant déstabilisé par des parents inexistants, qui ne savent pas dire non ou mettre des limites. Ces enfants, livrés à eux-mêmes, saturent, perdent leurs repères, ont des crises de nerfs et veulent en finir avec la vie. Triste constat que nous voyons là et qui a pour principale responsable une société de surconsommation.
Je n’ai pas la solution miracle tant il faudrait réformer de choses. Mais comme le colibri* de la légende amérindienne, je préconise que chacun fasse sa part.
Avec mes enfants, j’ai bien évidemment évité tout ce qui est décrit au-dessus et nous nous portons tout aussi bien sans gadget et consoles de jeux. Mais je m’efforce de leur enseigner aussi la contingence
La contingence.
C’est ce qui aurait pu ne pas être. C’est le contraire de la nécessité. C’est profiter de chaque instant simple de bonheur, sans envier, grâce à la contingence de toute chose. Un rayon de soleil qui caresse votre peau est pour vous. Il aurait pu ne pas y avoir de soleil ou vous, tout simplement, pas disponible. L’un des piliers de la philosophie japonaise est le secret d’un bonheur. Je marche à pied et c’est un bonheur à l’idée même que d’autres souhaiteraient tant pouvoir le faire à ma place. Le système de surconsommation n’échappe pas à la logique systémique qui profite d’un dérèglement pour s’étendre au sein même du système. Des exemples, il y en aurait des milliers, dans l’agriculture, la beauté, la pharmacopée, le sexe, l’automobile, le management, les jouets, les fêtes et anniversaires.
Comptons les uns sur les autres pour construire une génération moins paumée, plus aptes à être heureuse.
Je ne vais pas finir en disant que c’était mieux avant mais que cela sera peut être mieux demain.
VisioFood reflète bien l’idée
de surconsommation et
de dérive en 4 chapitres.
Santé, Écologie, Conso, Pratique (cuisine)
* fun : plaisir
* hit : classement musical
* geek : passionné d’informatique et de tout gadget. Trop parfois.
* has been : ringard, dépassé
* branché : Dans le vent
* colibri : Selon une légende amérindienne, lors d’un immense incendie de forêt, tous les animaux sont tétanisés, sauf un petit colibri qui transporte dans son bec des gouttes d’eau pour jeter sur le feu. Un animal l’interpelle en lui disant “tu ne comptes pas éteindre l’incendie ?”. Le colibri lui répond alors : “non, mais je fais ma part”. (page 14 « Non aux oranges carrées »)
Une réflexion sur « Consommer »