Le consommateur a-t-il la possibilité de savoir quelle est l’origine géographique de ce qu’il mange ?
À ce jour, il est totalement impossible pour un consommateur de dénicher la moindre information sur les produits transformés, cuisinés ou préparés. Les règles, actuelles et en France, en matière d’étiquetage ne nous donnent pas accès à ce genre informations, pourtant essentielles.
[source Céline Gaulard, Doctissimo]
Rappelez-vous l’histoire du lait frelaté chinois. Rappelez-vous de l’huile d’olive frelatée espagnole. L’une est très récente, l’autre est beaucoup plus ancienne mais elles ont un point commun. Dans les deux cas, la psychose (à juste titre) gagne les consommateurs car ils peuvent facilement identifier l’origine d’une bouteille de lait ou d’huile d’olive mais pas d’un plat ou une préparation réalisée à l’aide de l’un de ceux-ci.
À ce jour, c’est comme ça ! aucun élément sur les étiquettes ne nous permet de savoir si un ingrédient vient de tel ou tel pays. Du coup, la loi ne l’obligeant pas, il y a peu de mention sur vos étiquettes.
Les produits issus de l’Union européenne, ne font pas, systématiquement, mention de leur lieu d’origine, par contre ils doivent obligatoirement être indiqués pour les catégories de produits suivants : les fruits et légumes (en libre service), l’huile d’olive, le miel, la viande*, le poisson*, les produits laitiers*. Attention, il faut aussi savoir que la mention du lieu s’avèrera obligatoire si la décoration de l’emballage peut induire le consommateur en erreur, comme par exemple un drapeau, une photographie de lieu ou encore une référence à un lieu géographique. [exemple : un gâteau de Savoie qui en prend la forme, les couleurs et arbore un drapeau savoyard en décoration pour vendre un produit élaboré en lorraine, avec des ingrédients locaux].
Attention aussi, y compris dans le frais, soumis aux réglementations, aux produits qui jouent sur les mots. [exemple : les melons de Charente. Ce terme indique la variété du melon et non son origine géographique. Ce melon aurait bien pu être cultivé .. au Maroc].
Qui connaît les termes RSA ou PRC ? Malin pour les fabricants aussi d’utiliser ces termes : RSA (Republic of South Africa) ou PRC (Popular Republic of China). Vous trouverez des « vendeurs », si on peut les appeler ainsi, qui vous diront « Ne vous inquiétez pas, PRC est une région d’Italie »
Pour éviter toute confusion, je vous propose la liste de ces codes, disponibles sur Wikipedia à cette adresse : liste des codes CIO
Avant de finir ce sujet en parlant des futurs changements prévus par la loi, je souhaiterai insister sur les appellations et cite un article signé de Céline Gaulard « Même lorsqu’il existe une Indication géographique Protégée (IGP), on n’est jamais sûr de l’origine des ingrédients ! Le cas de rillettes du Mans ou rillettes de la Sarthe est éloquent. Ces rillettes pour répondre à l’IGP (indication géographique protégée) doivent effectivement être fabriquées ou conditionnées dans le département de la Sarthe (72). Mais le porc peut provenir d’autres régions : Bretagne, Normandie, Auvergne, Aquitaine… Ces rillettes du Mans peuvent même être faites avec des animaux de la région Midi-Pyrénées ! Mieux vaut se référer à une AOC (appellation d’origine contrôlée) ou son équivalent européen l’AOP (Appellation d’origine protégée). Dans ce cas, le label garanti que la fabrication mais également l’origine des matières premières sont limitées à une région donnée.«
Les futurs changements ?
La question qui m’a été posé récemment est très intéressante et la réponse l’est tout aussi.
Le Codex Alimentarius, qui fait référence et obligation sur les étiquetages des produits alimentaires avait réuni les membres de son Comité, pour traiter de ce sujet. Céline Gaulard, encore dans l’un de ses articles d’octobre 2008, précise « Certains pays estiment que la précision de l’origine des aliments n’apporterait pas d’avantages pour le consommateur et constituerait une charge pesante, peu pratique pour les fabricants. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’est d’ailleurs positionnée contre cette indication, au motif qu’un étiquetage trop contraignant était un obstacle au commerce international sans justification légitime. L’information des consommateurs contre la libéralisation du commerce international ?«
En résumé, ce n’est pas pour demain, car à ma connaissance, en décembre 2009 … rien n’avait changé.
* Ces produits sont encore plus stricts avec une obligation de commune, de lieu et/ou d’abattage, élevage, conditionnement, etc.
A lire aussi : les mentions obligatoires pour les viandes : site DGCCRF
Ouah ! que d’infos !! époustouflant. Je vais surveiller.