Dans le cadre de toute désobéissance alimentaire, il y a un incontournable : l’anticipation des méthodes des lobbys.
Loin d’être une légende, lobbyiste est un vrai métier. Dans sa définition du métier par le Centre d’Information et de Documentation Jeunesse, le/la lobbyiste « défend des intérêts économiques, une cause, une opinion ou un groupe de personnes et influe sur les personnes qui détiennent le pourvoir. Influenceur et discret, il navigue le plus souvent auprès des élus pour orienter les lois dans l’intérêt de ses clients. »
On retrouve ce profil dans certaines agences de conseil, des agences de lobbying ou au sein d’entreprises ou d’organisations diverses. En France, officiellement, on recense 1 700 lobbyistes, mais dans les faits, il en existe en fait bien plus.
J’ai plusieurs fois expliqué la redoutable mécanique et le méticuleux fonctionnement de ce type d’actions. Dans « L’urgence de la désobéissance alimentaire — Éd. De Vinci », en plus de relater des faits appliqués à notre quotidien, j’ai développé la méthode des 3 actes.
Rappel avec une illustration extraite du livre, page 118 :
La médecine est magique, mais les conflits d’intérêts la menacent. Elle a perdu sa crédibilité en même temps que son indépendance.
Dès les années 50 à 70, en observant les campagnes des défenseurs du sucre (paraît-il non responsable de notre gourmandise et de maux métaboliques), du tabac (et de sa nicotine prétendue non nocive et non addictive), du vin (qui est un alcool quoi qu’on en dise), du lait (martelé jusque dans les maternelles)… et j’en passe… On y retrouve exactement la même mécanique !
Certes, c’est du classique — désormais légion pour presque toutes les filières — ET cela ne date pas d’hier.
Mais pour vous, chers lecteur·rice·s, j’ai trouvé encore plus ancien. L’acte 2 de cette méthode laisse des traces au XVIIe siècle avec un produit non alimentaire, mais tout aussi toxique… la céruse.
Dès l’antiquité, la céruse (ou blanc de plomb) était utilisée dans l’art cosmétique. Au XIXe siècle, en Europe elle devient le pigment le plus répandu dans la peinture en bâtiment. Pourtant, on savait déjà depuis le XVIIe qu’il s’agissait d’un puissant poison responsable d’une intoxication parfois très violente ou létale : le saturnisme. On savait aussi que le blanc de zinc était un moyen de substitution inoffensif. Mais hélas, un groupe de pression (que l’on appellerait aujourd’hui un lobby) s’est constitué au sein de l’industrie de la céruse. Très organisé, il multiplie les actions pour maintenir ce produit dangereux sur le marché. Sans relâche, il sème le doute sur la toxicité du blanc de plomb. Cela a ainsi fonctionné en Europe jusqu’en 1993.
À méditer.