PLAN PLAN
Jérôme Santolini, biochimiste responsable du laboratoire Stress oxydant et détoxification au CEA-Saclay, critique le plan du ministère de l’Agriculture visant à réduire les doses de nitrites dans la charcuterie en mars. Selon cet expert qui a participé à la rédaction d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur la dangerosité des nitrites, ce plan ne tient pas compte des données scientifiques.
Un rapport de l’Anses (Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a confirmé un lien entre l’utilisation de nitrites dans la charcuterie et un risque accru de cancer colorectal. Malgré cela, le ministère de l’Agriculture n’a toujours pas interdit l’utilisation de ces conservateurs chimiques.
Pourtant, l’Anses qui a pour mission de fournir des recommandations sanitaires basées sur l’état de la science a remis un rapport en juillet 2022, qui a évalué le risque global des nitrites et indique clairement que ces substances chimiques utilisées comme conservateurs et qui donnent au jambon sa belle couleur rose, sont cancérigènes. La responsabilité de la gestion du risque incombe ensuite à l’État. «Le ministère de l’Agriculture ne peut être à la fois juge et partie, s’occuper de la santé de l’agro-industrie et de la nôtre», juge le chercheur Jérôme Santolini.
Vigilance sur les appellations « sans additifs »
La DGCCRF a confirmé qu’elle mène des enquêtes sur l’utilisation de procédés de saumurage alternatifs et d’autres falsifications potentielles, mais les résultats ne sont pas encore disponibles. En attendant, la Répression des fraudes surveille de près les allégations « sans », telles que « sans additif », sur les étiquettes de produits. Elle vérifie que ces affirmations ne sont pas trompeuses et ne contournent pas la réglementation en omettant des additifs de la liste des ingrédients. Fleury Michon, le leader des ventes de jambon en France, a retiré la mention « sans nitrites ajoutés » de ses jambons cuits dans un bouillon de légumes en avril dernier et les vend désormais comme des produits standards, en raison d’une erreur marketing selon le directeur marketing du groupe, David Garbous.
POUR RAPPEL
Les additifs nitrés, identifiés sous les codes E249, E250, E251, E252, sont depuis plusieurs années suspectés de nuire à la santé et sont aujourd’hui pointés du doigt par les autorités sanitaires. Déjà, en juin 2020, les ministères de la Santé et de l’Agriculture ont demandé à l’Anses de se pencher sur les risques associés à la consommation de nitrites et de nitrates, en se basant sur les résultats de 187 études scientifiques menées entre 2015 et 2022.
Dans son avis rendu, l’Anses reconnaît « l’existence d’une association positive entre l’exposition aux nitrates et/ou aux nitrites via la viande transformée et le risque de cancer colorectal ».