AU COMMENCEMENT
Au tout début de mes années de formateur en changement de comportement alimentaire, j’ai immédiatement relevé des freins « médicaux » à toute prise en compte de l’alimentation.
Il était en effet rare d’entendre un médecin évoquer l’alimentation comme vecteur de guérison ou de mise en sommeil d’une maladie. Heureusement, cela a changé. Beaucoup de praticiens ont intégré ce facteur pour minimiser la prise de produits pharmaceutiques. Beaucoup, certes, mais encore trop peu si l’on prend en considération les différents témoignages de patients devenus experts de leurs propres maladies.
Au-delà d’une poignée de médecins qui récitent encore les bonnes vieilles théories nutritionnelles, comme la notion de calories ou l’improbable classification des sucres en « lents, rapides, complexes ou simples », il existe une frange de médecins devenus experts en méthodes « alternatives ». Le conventionnel et sa panoplie pharmaceutique ont ses limites. Notre médecine occidentale — vue comme insolente par la médecine ayurvédique — se devait de repositionner l’individu à l’origine des maux et non de ses symptômes. Aussi, l’empathie et l’écoute — une ressource rare et en voie de disparition — restent nécessaires à l’appréhension d’un problème. Nous masquons — chimiquement — les inflammations, les douleurs, les douleurs, les brûlures… sans jamais se poser la question de son utilité et/ou de son origine.
Lors d’un changement de comportement alimentaire, la dimension holistique(1) d’un symptôme est primordiale. Manger est notre principale ressource, notre carburant vital. En revanche, mal manger contrarie des schémas millénaires de digestion, d’absorption de nutriments, d’équilibre physiologique…
En tant que formateur, puis auteur ou conférencier sur ce sujet aussi vaste que complexe, j’ai répondu à des centaines d’appels au secours. Mes deux derniers livres « Stop aux mensonges » (Eyrolles) ou « L’urgence de la désobéissance alimentaire » (DeVinci) m’ont permis de le retranscrire à l’écrit pour tout un chacun. Je suis accompagné par de nombreux médecins et scientifiques qui se battent pour une meilleure reconnaissance de l’alimentation sur les leviers anti-inflammatoires ou sur les voies de guérison. Ils se battent aussi contre certains de leurs collègues, inaptes à sortir du schéma médical conventionnel, à refuser les méthodes à court terme pharmacotechnique, à distiller les mêmes traitements universels à des individus résolument différents les uns des autres.
Aussi, régulièrement, je conseillais d’écouter tout trouble digestif, ou tout trouble dermique, neurologique, psychologique, physique… d’un point de vue alimentaire. Les patients exprimant leur désir d’en apprendre un peu plus sur le sujet m’ont souvent rapporté avoir été moqués, ou carrément remis à leur place par des médecins peu à l’écoute.
Mais année après année, depuis 20 ans, je n’ai jamais changé de leitmotiv. Il faut informer pour tester, car, en cas de troubles, sont trop régulièrement écartées de l’équation les pistes suivantes :
- Un test IGA : C’est à dire, un contrôle rapide pour tester toute intolérance au gluten (trop largement ignoré et pourtant !)
- Un test IGE : Tester les IGE globaux + gluten + lactose pour tester toute allergie à ces deux principales substances allergisantes.
- Un test Candida Albican : la candidose est sous-estimée. On confond muguet et réelle candidose invasive. On sous-estime ses effets à long moyen et long terme.
- Un test Helicobacter Pylori (HP) : Sachant depuis quelques années que les ulcères ou les cancers de l’estomac semblent prendre origine en présence de l’HP. Il est terriblement efficace et redoutable de s’en prémunir.
HELICOBACTER PYLORI (HP) ! MAIS QU’EST-CE C’EST ?
Selon les sources, on considère que cela touche 50 à 70 % de la population. Très répandue, cette infection bactérienne chronique se transmet comme un simple rhume. Toutefois, même si elle est très répandue, seul un petit pourcentage (on estime 10 à 15 %) sera perturbé par la colonisation de la muqueuse gastrique. Les désagréments ne sont donc pas systématiques, mais ils existent ! A contrario, toute inflammation de l’estomac (gastrites chroniques) ou ulcère se fera en présence de l’HP ! 100% des cas sont liés à sa présence ! On note même une implication de 80% dans les cancers de l’estomac !
On comprend vite l’intérêt d’éradiquer cette bactérie chez tout sujet présentant des troubles ou ayant des antécédents. Pour rappel, le HP est classé comme un carcinogène pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).
TRANSMISSION
Sa transmission « classique » nécessite de prendre en compte les échanges de salives, les postillons et bien entendu de respecter les règles d’hygiène après être allé aux toilettes (oui, se laver les mains protège de NOMBREUX virus et bactéries pathogènes).
QUAND S’INQUIÉTER ?
C’est là tout le problème de l’HP ! Cette infection, ou plutôt les effets aggravants chez certaines personnes sont sous-estimés et mal évalués. Le moindre changement dans votre digestion, la moindre gastrite devra faire l’objet d’un test sanguin pour détecter la présence éventuelle d’anticorps dirigés contre la bactérie HP.
Il y a encore des médecins (pas plus tard qu’en juillet 2022 dans une Maison médicale dans le 06) qui ne semblent pas prendre en compte le désarroi de leur patient. Lors d’une consultation, un jeune homme, souvent sujet aux douleurs de ventre, ayant récemment appris la présence d’un ulcère chez son père, a appliqué mes conseils en lui demandant de se faire tester pour éviter tout problème ultérieur. La réponse du médecin sur un ton professoral fut sans appel : « Non, pas de test HP ! On ne le détecte que s’il y a un ulcère. Ce n’est pas la peine avant ! »
« À l’heure actuelle, aucun dépistage systématique de la bactérie HP n’est recommandé en France. Pourtant on sait qu’éradiquer les infections à HP permettrait de réduire l’incidence du cancer de l’estomac. »
Source ©LANUTRITION.FR
ÉRADIQUER PAR L’ALIMENTATION ?
Aucun régime alimentaire ne donne ou ne favorise l’ulcère ! Il est par contre manifeste que certains aliments provoquent des brûlures en cas d’ulcère (tomates, café…). Inversement, le piment semble, à faible dose, permettre la cicatrisation.
Il faut distinguer trois aspects :
1 • La prévention de l’infection par l’alimentation
L’alimentation joue un rôle prépondérant dans la prévention de l’infection. Se laver les mains ou se méfier de boire dans n’importe quel verre (la salive) ne suffisent pas à éviter de rentrer en contact avec le HP. Aussi, on peut y ajouter l’alimentation. Privilégier les régimes à IG bas [voir étude], les céréales complètes, les légumes. Éviter les produits sucrés, transformés, raffinés. Comme le rappelle le site la nutrition « certains aliments ont des propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires ou encore antioxydantes […] empêchant [le HP] d’adhérer à la muqueuse gastrique ou encore en inhibant l’enzyme uréase produite par la bactérie et indispensable à sa survie en milieu acide. »
2 • L’éradication par des antibiotiques
La seule solution valable reste, à ce jour, la prise de plusieurs antibiotiques en association avec un inhibiteur de pompe à protons. Dans certains cas, un antibiogramme peut s’avérer encore plus efficace en réduisant le spectre à traiter.
3 • L’efficacité de l’éradication par l’alimentation
Le HP se développe en terrain acide. Il faut donc favoriser l’éradication avec quelques aliments alliés.
• Je le rappelle, une alimentation à IG bas
• Du gingembre pour ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antiulcéreuses et antitumorales.
• Du brocoli pour son sulforaphane (aide aux antibiotiques en réduisant les infections).
• De l’huile d’olive pour ses composés antioxydants, des polyphénols (combats plusieurs souches de l’HP).
• La canneberge pour ses proanthocyanidines (meilleure sensibilité aux antibiotiques.)
• Et une réduction du sel (tendance à exacerber l’effet cancérigène de l’HP.
EN RÉSUMÉ
Pour limiter le risque d’être infecté ou pour favoriser l’éradication de la bactérie :
• Se faire tester au moindre doute ! Si si !
• Adopter un régime alimentaire à IG faible à modéré
• Mettre l’accent sur les sources de fibres solubles et insolubles : les légumes et les céréales complètes
• Éviter les produits sucrés, ultra-transformés ainsi que les boissons sucrées, gazeuses et la consommation d’alcool
• Privilégier l’huile d’olive pour les matières grasses.
• Penser aux aliments bénéfiques : gingembre, canneberge, brocolis
• Limiter la consommation de sel