25 novembre 2024

Qu’est ce qu’on fait quand on n’arrive plus à maigrir ?

Dans le « Journal Des Bonnes Nouvelles« , chaque mois, je répond à une question posée par les lecteurs, voici celle de Août 2021.
[Sommaire des articles parus].

Question #1 :
Je suis en surpoids, je n’ai pas les moyens de me payer les services d’un nutritionniste et je n’arrive pas à maigrir. Avez-vous des conseils à me donner ? Merci .
Aurélie, 48 ans, 75 kilos pour 1m60.

Question #2 :
Je ne mange que des salades et je grossis, c’est quoi mon problème ? Merci.
Anne, 31 ans

Aurélie et Anne, ce mois-ci, je vais tenter de répondre à vos deux questions. Bien que différentes, elles ont en commun le regret de ne pas, ou ne plus, arriver à maigrir.

Il faut savoir que l’on prend du poids lorsqu’on est plus en mesure d’en perdre ! Derrière cette jolie phrase, il y a une idée simple et très complexe à faire accepter aux consommateurs… car beaucoup d’intérêts alimentaires, financiers et parfois sportifs perturbent l’évidence !

Dès 1950, Jacques le Magnen — Directeur du Centre National de Recherche Scientifique et de l’École Pratique des Hautes Études — avait bien compris et résumé le problème de la prise de poids. Il avait compris qu’il ne fallait pas tenter à tout prix de maigrir, mais plutôt de comprendre pourquoi l’on ne maigrit plus. Cela ne sert à rien de se priver, de s’affamer, de s’user au sport si le principal mécanisme de régulation du poids ne fonctionne pas. Pourtant, qui n’a jamais entendu dire lors d’un repas “ Je reprends du dessert et demain je ferais davantage de sport ! ”

Nous sommes face à une logique “ vide de sens ” et pleine de croyances que je vais m’efforcer d’expliquer afin de chasser des idées reçues… très tenaces.

THÉORIE FUMEUSE ?

Depuis un peu moins de 100 ans, la théorie des “ calories absorbées, calories dépensées ” pour maigrir est toujours réactivée dans les esprits mais elle reste fumeuse. Sans fondement scientifique, l’idée que nos corps soient basés sur les lois de la thermodynamique est une aberration déconcertante et finalement… dangereuse.

En partant du principe “ mathématique ” que 500 grammes de graisses correspondent à quelques 4000 calories, des nutritionnistes affirment sans sourcilier que le déficit énergétique de 600 calories perdues, quotidiennement, ferait perdre 500 grammes soit 4200 calories par semaine.

La véracité de ce raisonnement démontrerait que durant notre vie, le moindre écart de calorie nous ferait osciller entre 40 et 200 kilos au moindre écart. C’est un raisonnement absurde tellement farfelu, que même les livres de régimes n’y croient pas, tout en affirmant le contraire. Le livre de Georges Bray, WPT James et Claude Bouchard sorti en 1998 n’échappe pas à la règle et reste un exemple frappant. Les auteurs encouragent l’hypocalorie tout au long de l’ouvrage et concluent par une phrase déroutante : “ Les résultats des régimes hypocaloriques sont connus pour être faibles et peu durables. ”

Allez comprendre ?

HORMONES QUAND TU NOUS TIENS !

La réalité est tout autre. Notre corps est régi par des lois “ hormonales ”. Notre vie est ponctuée par cette mécanique.

Puberté, première règle, maternité, ménopause, joie d’amour, chagrin lié à un décès, une séparation, un divorce sont autant d’événements qui modifient la réponse hormonale de notre corps. Il y a des instants de nos vies où l’on peut vivre d’amour et d’eau fraîche ou bien tout dévorer sans prendre un gramme et d’autres où chaque écart est un calvaire.

C’est injuste parfois, surprenant souvent, mais c’est ainsi.

Alors, comprenons.

Pour schématiser, et simplifier, la principale coupable est l’insuline !

– Un taux d’insuline élevé entraînera un processus de retenue des graisses dans les tissus adipeux.

– Un taux d’insuline bas provoquera une libération de la graisse, brûlée sous la forme d’énergie.

On découvre alors que les personnes en surpoids ne sont pas paresseuses et gloutonnes. C’est tout l’inverse.

L’accumulation de graisses corporelles, générées par les glucides, augmente la sensation de faim et les rend plus sédentaires.

La gloutonnerie et la paresse ne sont pas les raisons de la prise de poids, mais la conséquence !

“ On ne grossit pas parce que l’on mange trop. On mange trop lorsqu’on grossit. ”

La théorie de l’équilibre entre calorie consommée et dépensée, accusant les obèses de paresse et de gloutonnerie, si séduisante soit-elle — parce qu’elle stigmatise le péché de gourmandise —, est dangereuse et totalement fausse. Cette théorie continue de causer des dommages incalculables. Maigrir n’est pas dans la tête, mais bien dans le ventre. Une personne qui parvient à faire baisser son taux d’insuline — stimulus négatif d’une carence en insuline — brûle sa graisse corporelle ! Je prends souvent l’exemple du café. Il ne contient aucune calorie, aucun glucide et pourtant, chez certaines personnes, il stimule la production d’insuline et la résistance à celle-ci. Un élément non négligeable qui démontre l’importance de notre relation avec les excès insuliniques.

ALORS, CHANGEONS !

Tout ceci étant dit, comment changer de régime alimentaire ? On ne doit pas “ maigrir ” mais “ guérir ” de cette forme d’insulinorésistance[1].

Charité bien ordonnée, je dois vous parler de l’intérêt du livre “ Stop aux mensonges dans l’assiette ” (Éd. Eyrolles). Point par point, on apprend à fuir les aliments à base de lait, de blé et de sucre. Sans vouloir les bannir, il faut parfois les supprimer pour des raisons de santé ! Ce livre à l’avantage d’être un réel accompagnement quotidien qu’un article ne peut pas apporter.

Il conseille, en autre, de consulter un médecin pour vous accompagner et à minima faire un bilan de votre état avant de changer totalement d’alimentation. Une prise de sang complète permettra de déceler un éventuel problème ou incompatibilité et surtout, il permettra de pouvoir comparer votre état au bout de six semaines ! Qu’il soit thérapeutique[2] ou par conviction, ces régimes cétogènes (Keto) ou LowCarb s’intéressent aux aliments pauvres en index glycémiques/insuliniques permettant de maintenir une bonne santé et une silhouette.

Notre alimentation moderne est trop pauvre en “ bons ” gras — oméga 3 notamment — et la part de glucides est beaucoup trop riche en sucre – tout confondu saccharose, fructose…

Les programmes de santé publique sont en conflit entre “ réduire la dénutrition ” et “ prévenir l’obésité ”. Ils sont également sur le schéma “ Le gras est mauvais, le sucre est vital et votre énergie ”. Attention. Ce raccourci amène des aberrations dans les notations de Nutriscore. Les “ bonnes notes ” fuient le gras et favorisent les amidons et glucides ? Aberrant !

Nous sommes ce que nous mangeons, nous ne devons pas être des aspirateurs à nourriture. Disons stop aux produits raffinés et/ou amidons (pain, céréales, riz[3], pâtes, pomme de terre, maïs…), glucides liquides (bière, jus de fruits, soda…) et fructose (poudres, sirops, certains ou trop de fruits…).

Tout en réduisant la surproduction d’insuline, voici d’autres réflexes gagnants :

– Tirez profit de bonnes nuits de sommeil, car les êtres humains mangent le jour et maigrissent la nuit.

– Intéressez-vous aux index glycémiques (IG), aux charges glycémiques (CG) et aux index insuliniques (II). De nombreux ouvrages sérieux en parlent.

– N’oubliez jamais qu’une résistance à l’insuline “ naturelle ” s’installe, un peu plus, tous les dix ans. Essayez de passer chaque cap avec un minimum de charge.

– Retenez que les hommes[4] et les femmes ne sont pas égaux devant l’insuline et que les hormones “ travaillent ” différemment d’in individu à l’autre (règles, grossesses, ménopauses, stress…)

– Consommez plus de bons gras (surtout riche en oméga 3) pour bénéficier d’un allié santé et plaisir.

– Repensez votre alimentation pour aller à l’essentiel : le goût, sans besoin de sucre, féculents, farines, amidons.

– Faites du sport (non-cardio), non pas pour perdre du poids, mais pour vous muscler et garder une activité physique rehaussant votre métabolisme. Sans compétition, privilégiez la natation, le vélo, la marche à pied, le yoga et la gymnastique et musculation.

OUI, MAIS !

Beaucoup de médias et de médecins sont partisans de cette réalité, sauf que comme souvent, des réfractaires existent.

Ils prennent plusieurs visages, et qu’ils soient scientifiques ou non, ils ont en commun, une fâcheuse ambiguïté dans leurs propos. Derrière leurs arguments se cache une réelle proximité, non avouée, avec les lobbies, un système ou tout simplement une prescription de médicaments.

Ils dénigrent le fonctionnement “ hormonal ” sur cinq points.

1. Ils adorent l’idée thermodynamique et affirment que sans sport, il n’y a pas de perte de poids possible. Tiens donc !

2. Ils brandissent le problème de déséquilibre nutritionnel avec l’argument, à la mode, du “ pour rester en bonne santé, il faut manger de tout ”.

3. Ils considèrent les régimes LowCarb/Keto comme une forme de non-assistance en personne en danger et souhaitent vous remettre sur le droit chemin du sucre, du blé et du lait.

4. Ils ne parlent que des calories au détriment des index glycémiques.

5. Ils aiment expliquer les notions de sucres lents/rapides, complexes/simples, alors que cette notion est désuète, trompeuse et inefficace.

Toutefois, il faut nuancer tous ces conseils, car en tant que consommateurs, nous avons tendance à fonctionner en mode binaire ou tout est bien et tout est mal !

– Non, il ne faut pas dire que le sport est inutile. Ce n’est pas vrai. Le sport est extrêmement utile pour faire circuler votre énergie, améliorer votre métabolisme et vous muscler. Par contre, il ne fait pas perdre de graisse viscérale, la plus dangereuse, la moins visible !

– Non, il ne faut pas se lancer dans un régime amaigrissant contraignant pour perdre du poids. Il faut réaménager son mode alimentaire pour apprendre et changer, tout en étant accompagné par un médecin compétent.

– Non, il ne faut pas faire la version thérapeutique du régime cétogène qui impose 75 % de gras, sans motivation liée à des problèmes de santé et sans accord de votre médecin. De plus, il faut aussi se méfier des versions Keto / LowCarb motivées par des performances esthétiques ou sportives.

Il faut apprendre à cuisiner, à valoriser les protéines végétales et/ou animales. Il faut apprendre à s’écouter bien plus que vous ne le faites en vous laissant séduire par les allégations marketing. Il faut aussi impérativement être prudent quant à vos lectures nutritionnelles ; des solutions dites “healthy” et miraculeuses à base de jus de fruits sont aujourd’hui diffusées par des influenceurs financés par des marques. Soyez extrêmement prudents. En soi, aucun aliment ne fait maigrir et beaucoup, présentés comme tels, font exactement le contraire escompté ! Pour s’en sortir, il faut “sérieusement” réévaluer sa résistance à l’insuline et adapter sa façon de manger. Nous sommes tous différents face à l’alimentation, mais avons un but universel : conserver notre santé mentale et physique.

[1] Insulinorésistance : Les cellules normalement sensibles à l’action de l’insuline ne répondent plus correctement à l’action de l’hormone : le glucose n’entre plus suffisamment dans les cellules et la glycémie augmente.
[2] Attention un régime cétogène thérapeutique (très strict) demande un suivi pour éviter tout risque de passer à côté d’une pathologie
[3] Hors riz basmati, naturellement riche en amylases, donc à faible index glycémique existante non diagnostiquée. Pour un enfant, un régime cétogène strict nécessite un accompagnement médical.
[4] Prédisposition à l’insuline : garçons ou filles (6 % mg) puis adulte : hommes (6 % mg), femmes (50 % mg).

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