Dans le « Journal Des Bonnes Nouvelles« , chaque mois, je répond à une question posée par les lecteurs, voici celle de Avril 2021.
[Sommaire des articles parus].
Question :
Je suis en flip total, je ne sais plus quoi manger pour être en bonne santé ! Des solutions ? Une idée ?
Mireille, 47 ans, mariée, 5 enfants.
Mireille, votre questionnement est compréhensible et totalement dans l’air du temps. Nous n’avons jamais autant parlé d’alimentation et de santé depuis l’industrialisation de nos assiettes. Pour ma part, c’est ce constat qui a donné naissance à ma « désobéissance alimentaire » ! Un combat, simple et constructif… devenu nécessaire face à un système rattrapé par la rentabilité.
L’ORIGINE
Avant de répondre à votre question, j’aimerai une bonne fois pour toutes, relativiser l’idée que « pour rester en bonne santé, il faut manger de tout ». C’est tout simplement faux, ou plus précisément c’est incorrect.
Cette perception nutritionnelle est fondée sur un concept récent — disons moins de cent ans —, basé sur une consommation régulière de céréales, de viandes transformées, de laitages à foison et de sucre. On confond l’acceptation de l’offre actuelle et la privation liée à un régime. Se priver de plaisirs est une aberration, mais accepter tout et n’importe quoi en est une aussi ! Comme toujours, entre les deux, il y a un monde… qui n’arrange pas les modèles consuméristes qui misent sur la surconsommation.
QUI ÉCOUTER ?
Nuançons ! Même si la désobéissance alimentaire n’encourage pas à la consommation quotidienne de produits modernes (et récents), comme, entre autres, le blé, le lait et le sucre…, elle ne participe pas à l’éradication du plaisir occasionnel.
Ce qui nous tue ce sont nos habitudes. Se nourrir quotidiennement avec une alimentation soit hypoglycémiante, soit ultratransformée ne peut que dégrader notre santé. La santé est le résultat d’un équilibre aussi fragile qu’évident.
Finalement l’idéal serait d’entendre dire « Ne faites pas de régimes, mais… réduisez vos glucides, oubliez les céréales et autres produits transformés, au profit de viandes biologiques et poissons gras, de fruits et légumes (bios, locaux, de saison), de légumineuses, de graines et oléagineux, d’épices douces. Faite du sport sans compétition et sans fatigue excessive. Faites la paix, l’amour et le bien-être autour de vous, etc. ».
Inexorablement, vous entendrez que vous avez droit au bonheur (le marketing a une fâcheuse tendance à confondre bonheur et plaisir) et que VOUS devez vous faire plaisir ! Les publicités encouragent cette notion de « droits sans devoirs » à bout de champs. Que cela soit pour une glace, un plat cuisiné ou une voiture… on encourage les consommateurs à se faire plaisir !!!!
Vous comprenez la nuance ? L’industrie n’a que faire de votre santé et sa seule motivation semble se résumer à nous faire ingurgiter ce qui sert leurs intérêts. C’est tellement ancré que beaucoup de nutritionnistes, toutes bienveillances confondues, ne se rendent pas compte qu’ils réutilisent un « slogan » à contre-courant nutritionnel !
Dès 1936, suite à la découverte des vitamines, par Casimir Funk, les industriels ont commencé à disséquer notre alimentation (on parle aujourd’hui de cracking) pour en extraire les substances « racoleuses et vendeuses ». Le « nutritionnisme » est né. Faire peur aux gens, leur évoquer le manque, le risque d’anémie, et les pousser à consommer des « alicaments » — des aliments censés avoir une action positive sur notre santé. Dès lors que vous faites croire à quelqu’un qu’il est en danger de mort ; vous en faites ce que vous voulez. Cela a donc fonctionné et c’est ce qui est arrivé de mieux à l’industrie agroalimentaire. Le consommateur s’est retrouvé aliéné, à la solde de messages dits « scientifiques ».
On en a oublié la fonction primordiale de l’alimentation : la nutrition que l’on appelait encore au Moyen-Âge la « diététique ». Une nécessité de s’alimenter pour répondre aux besoins vitaux ! Aujourd’hui, on a réduit nos apports journaliers a des ersatz et futilités. Cela n’apporte aucun bénéfice à notre équilibre.
URGENCE DE CHANGEMENT.
Sur un autre plan, beaucoup plus pernicieux. Il a été admis par nos sociétés, de plus en plus « scientistes », que la technologie pourrait tout réparer. Ainsi, les lobbys pharmaceutiques peuvent se frotter, à leur tour, les mains. Pierre Weill m’avait amicalement écrit dans un de mes livres « Nous avons confié nos repas à un système qui produit une nourriture nutritionnellement de plus en plus pauvre. Comme elle nous rend malades, nous confions notre santé à la pharmacie pour ne pas en mourir. » En substance il informe que les labos semblent nous dire « Mangez, on s’occupe du reste ».
De nos jours près de 80 % des aliments que nous consommons sont des produits transformés. Autrefois l’alimentation était variée, produite à proximité, sans recours à la débauche chimique. À coup de réclames télévisuelles, celle-ci est arrivée dans notre assiette dans les années 1960 et s’est massifiée progressivement de façon hallucinante.
Le cahier des charges d’un « aliment », pardon d’un « produit alimentaire » ne répond plus à l’aspect organoleptique et nutritionnel, mais à sa capacité à faire réagir nos hormones du plaisir, via des tests et expériences observés par IRM !
LE TEMPS DU RENOUVEAU.
Cet état de délabrement a changé la donne. En psychiatrie, on reconsidère l’alimentation au profit des psychotropes. Les 169 additifs alimentaires autorisés ne sont plus niés sur la relation avec les maladies humaines (Chettab et al, 2010).
L’alimentation industrielle propose une alimentation dénutrie, appauvrie, raffinée, ne remplissant pas le rôle initial de la nourriture humaine. Loin des régimes crétois, nous avons dégradé notre capital santé via notre intestin. Il y a 24 siècles déjà, Hippocrate disait déjà « L’origine de toutes les maladies se trouve dans l’intestin ».
En dix générations, nous avons certes augmenté notre espérance de vie, mais selon un critère de « bonne santé » malheureusement effondré. Nos paysans se suicident, nos enfants ne parlent de nourriture qu’à travers les marques et, plus dramatiques encore, les maladies liées à une mauvaise alimentation (diabète de type II, maladies cardiovasculaires, cancer, obésité…) explosent dans toutes les classes sociales et, depuis peu, de plus en plus jeunes.
ALORS, QUE MANGER POUR RESTER EN BONNE SANTÉ ?
L’homéostasie relève finalement du bon sens et d’une volonté de ne plus être influencé par les ingérences perpétuelles dictées par quelques groupements d’intérêts de l’industrie agroalimentaire. Elle est régie par un équilibre pH (ne pas être trop acide), un équilibre glucidique (pas trop d’aliments glycémiants à index glycémiques élevés) et un équilibre nutritionnel (riche en nutriments).
Les 21 premiers jours sont les plus difficiles, l’être humain n’aime pas le changement. Trois semaines durant nous nous trouvons des excuses pour stopper. C’est là que le travail doit se faire. Un travail en deux étapes :
PREMIÈREMENT,
Fuir les produits industriels en appliquant les 5 règles fondamentales suivantes…
1. Fuyez les produits transformés : Orientez-vous le plus possible vers des aliments à l’état brut. Pas de viandes reconstituées ou de plats cuisinés.
2. Évitez les aliments affichant des allégations alléchantes : « Offre promotionnelle », « nouvelle recette », « ouverture facile », « vu à la télé », rapide, « prêt à l’emploi », « saveur de l’année » sont autant de termes estampillés sur les emballages destinés à la grande distribution. On est loin du circuit artisanal ou des PME qui produisent des aliments simples, sans fioritures.
3. Ne consommez pas les aliments « stars » du petit écran : Un fabricant qui vante les mérites de son produit à la télévision est un industriel. Aucun producteur artisanal ne peut se payer un spot télévisé de plusieurs millions. Tous ces jambons, biscuits, fromages qui vantent le terroir et un savoir-faire authentique sont fabriqué à la chaîne dans des usines avec des matières premières, « bon marché », achetées sur des plateformes mondiales.
4. Écartez tout ingrédient que vous ne connaissez pas : La liste des additifs autorisés, nomenclaturés avec la lettre E suivis de quelques chiffres vous pose problème, car vous ne les connaissez pas ? Aucun souci ! J’ai depuis bien longtemps banni de mon alimentation tout aliment contenant le moindre additif « E ». Je souhaite consommer des ingrédients que je connais et réfléchir en toute connaissance de cause. Un artisan respectueux des matières premières utilisera des produits et un vocabulaire que vous comprenez tels que farine, sucre, beurre, légumes, sel… que vous pouvez retrouver dans votre propre cuisine… et non pas des améliorants techniques comme les E 330, E 420 ou E 621 ou amidons et autres glucose-fructose.
5. Ne pas fréquenter les temples de la consommation : Ce conseil semble le plus évident et pourtant… Le meilleur moyen de consommer local, pas cher, artisanal ou en petite production reste les marchés de producteurs, les éleveurs près de chez vous, les artisans de votre quartier et tous les plans « débrouilles » de bouche à oreille, loin des canaux de distribution de marques nationalisées. La paysannerie et l’artisanat alimentaire souffrent. Ils n’attendent que vous pour continuer d’exister et de produire de la qualité à juste prix.
DEUXIÈMEMENT,
Réorganiser ses courses en réalisant un parcours qui ne ramènera au foyer que le strict nécessaire, car tout produit ramené sera consommé ! Dans un changement de comportement alimentaire, la phase d’achat est primordiale et déterminante sur l’aptitude à réduire les freins au changement.
Comme cité plus haut, il est important d’apprendre à consommer si possible en bio ou exempt de traitement :
– De la viande et du poisson, plus rarement, mais de qualité.
– Des légumes à volonté — la pomme de terre n’est pas un légume !
– Des fruits comme les pommes, agrumes, poires et surtout des baies (fraises, myrtilles, cassis, mûres, framboises…)
– Des oléagineux comme les pistaches, cacahuètes, noix, amandes…
– Des épices douces comme le paprika, curcuma, poivre, curry…
– Des sauces soja, pâtes miso, natto…
– Des champignons.
– Des graines comme le chanvre, le sésame…
– Des légumineuses comme les pois chiches, lentilles…
– Des pseudocéréales à index glycémique raisonnable comme le quinoa, l’amarante, le sarrasin…
– Un peu de fromage (du petit frais de brebis ou de chèvre, des fromages à pâte cuite tels que le comté, le gruyère)
– Le plus souvent possible de l’eau du robinet (ou de source), du citron pressé, du thé vert, blanc, noir…
En suivant ces modestes conseils, le flip s’envole ! Belle continuation Mireille.