Chronique écrite pour
• Toulouse / N°32 / Juillet 2010 et
• Pays d’Aix / N° 34 / Septembre 2010
L’eau.
Notre planète est la seule du système solaire à posséder cet élément liquide et notre pays reste privilégié sur la présence de cette ressource. Pourtant le thème de l’eau fait débat constamment et les polémiques vont bon train. Mais si nous revenons à des questions simples, les réponses le seront-elles ? A vous de juger.
Dans 17 pays au monde, cet or bleu est l’enjeu crucial de notre génération. Sachant que 40 % de la population mondiale vit dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers du globe, ils se retrouvent, de gré ou de force, dans l’obligation de partager leurs ressources. « Dans quel monde vivons-nous », me direz-vous ? Cela a toujours existé et nous retrouvons déjà des traces de conflits en 1503. Léonard de Vinci conspirait avec le célèbre Machiavel pour détourner le cours de l’Arno en l’éloignant de Pise. Le Moyen-Âge a son lot de désordres sociaux à cause des pluies rares et l’Afrique orientale est le triste décor de sécheresses à répétition.
Source de pacification ?
L’eau peut devenir un moyen de pacification exemplaire si les deux parties s’entendent sur sa répartition et sa préservation. L’Inde et le Pakistan en sont un exemple extraordinaire quand on sait qu’au plus fort de la guerre, en 1960, alors même que les médias s’inquiétaient des conséquences d’un conflit entre deux pays détenteurs de la bombe nucléaire, Inde et Pakistan n’ont jamais arrêté les efforts de coopération sur la gestion équitable de l’eau. Il est fort à parier que les tensions ont su se maintenir grâce à ces actions bilatérales.
Source de pouvoir ?
En Asie, l’eau est un instrument politique très puissant. La nature et ses pluies capricieuses influencent l’ordre social, les répressions et les crises politiques depuis la nuit des temps. En Afrique, la moindre parcelle mouillée semble devenir source de pouvoir et la Provence de Marcel Pagnol nous a démontré sous les traits d’une « Manon des sources », une tragédie misérable de lutte pour le pouvoir de l’eau. En Turquie, les palais plaçaient des fontaines d’eau sur les fenêtres pour rafraichir et masquer, par un simple effet de cascade, les secrets d’État confiés dans l’enceinte.
Source de profit ?
L’eau n’a pas échappé au commerce et il est bon de rappeler l’historique de la vente d’eau sur notre territoire. Il existe de l’eau sous différentes formes.
a) L’eau du robinet :
Les Romains avaient commencé les réseaux d’eau potable pour la proposer au centre des agoras et sur ce même principe l’eau « courante » sera installée vers les années 1900. Nous pouvions avoir l’eau pour un coût d’installation d’environ 16 francs. Principalement installée dans l’épaisseur du mur de la cuisine, il fallait laisser couler un léger filet d’eau l’hiver pour ne pas se retrouver gelée dans les canalisations, d’où le nom d’eau « courante » encore usité aujourd’hui. Au début du Second Empire, Haussmann, à la préfecture de Paris, précipitera la démocratisation de l’eau « domestiquée » et lancera de grands travaux qui inspireront les autres communes pour leur alimentation en eau potable. Aujourd’hui, il existe sur le marché des eaux de table de même nature que l’eau du robinet, mais présentées en bouteilles après avoir subi, selon les marques, un traitement spécifique.
Malheureusement, l’eau du robinet est aujourd’hui montrée du doigt, suite à un reportage diffusé à la télévision, présentant des directives sanitaires qui… naviguaient en « eaux troubles ».
Une enquête explique que presque 4 millions de personnes (1/4 de la population) sont « potentiellement » exposées à des teneurs* en aluminium supérieures à 0,2 mg/L et 5 % (presque 1 million de personnes) à des teneurs pouvant dépasser les 0,5 mg/L. L’aluminium existe dans la nature et il peut être emporté par l’eau dans les couches phréatiques, mais ce que l’on sait moins et qui semble encore plus aberrant, c’est que bien que l’on soit aujourd’hui en phase d’observation sur les maladies liées à l’aluminium, des communes traitent encore leur eau, avec des sels d’aluminium et non des solutés ferriques ou des traitements à l’ozone, autrement plus souhaitable, pour des raisons bassement matérielles liées au remplacement des installations.
Mais quid des risques pour la santé ? L’aluminium est toxique pour les cellules nerveuses. Depuis 30 ans, le fait est établi et récemment des chercheurs tentent de comprendre le développement de plusieurs pathologies, comme la sclérose en plaques et la maladie d’Alzheimer, (400 000 personnes en France, dont 100 000 nouveaux cas chaque année). Le principe de précaution a du mal à fonctionner et l’on s’abrite sous le prétexte du « rien n’est prouvé », alors que des études « indépendantes » présentent que les risques de développer la maladie augmentent quand la concentration dépasse 0,1 mg par litre d’eau.
Toutefois, l’eau du robinet répond à des cahiers des charges stricts et sa potabilité est mesurée et vérifiable auprès de votre mairie sur simple demande. L’eau distribuée coûte largement moins cher que les eaux conditionnées. Le prix varie de 2,23 € le mètre cube à Grenoble à 3,58 € au Havre, mais la moyenne, comme à Marseille, avec plus de 250 millions de litres d’eau potable livrés chaque jour à la population, est de 3,15 € le mètre cube. Avec cette moyenne de 0,3 centimes par litre, boire de l’eau du robinet pendant toute une année ne coûte généralement pas plus d’ 1,50 € par an et par habitant.
b) L’eau en bouteille :
Quelle est la principale différence entre l’eau en bouteille de source et l’eau minérale ? Sa potabilité !
• Une eau de source est une eau d’origine souterraine, ayant bénéficié d’une protection contre la pollution, sans traitement chimique, ni adjonction. Elle répond totalement aux normes dîtes de potabilité. C’est-à-dire qu’elle est en tout point conforme à un cahier des charges qui permet de dire que cette eau peut être bue tous les jours. La moindre eau de source, au plus bas prix soit-il, doit répondre à ces exigences.
• Une eau minérale naturelle est une eau d’origine souterraine, protégée de toute pollution. Elle est considérée comme une « eau thérapeutique » et ses caractéristiques doivent être stables et ne répond pas à des normes de potabilité, c’est-à-dire que ses teneurs dépassent des seuils admis dans des cahiers des charges et elle ne pourrait pas être distribuée au robinet.
Il est important de se rappeler que l’eau « minérale naturelle » était, il y a encore 30 à 40 ans, distribuée en bouteille en verre et en pharmacie. Sa vulgarisation comme produit quotidien m’affole quand je vois des consommateurs charger leur chariot de dizaines de bouteilles pour une consommation quotidienne et exclusive.
Et puis, Jacques Collin, nous rappelle que les eaux en bouteille n’apportent pas les minéraux de même qualité que les eaux préalablement absorbées par les plantes ou digérées par les animaux. Une sorte de catalyseur, en quelque sorte. Une usine à rendre « assimilables » les « minéraux » de celles-ci. Cela n’engage que Jacques Collin, auteur, conférencier et chercheur, qui partage sa passion et ses découvertes dans deux livres : « L’eau le miracle oublié » et « L’insoutenable vérité de l’eau » mais il faut reconnaître que ce deuxième ouvrage a encore plus des arguments de poids.
c) L’eau en carafe filtrante :
Pour reprendre une expression symbolique de Aline Periault : « Vous n’êtes pas un fer à repasser ! »
Au départ, une simple idée pour régler les problèmes de survie dans les pays défavorisés où l’eau est un soucis de salubrité, est devenue un outil d’usage courant sur nos tables. Les ventes explosent au détriment des eaux en bouteilles, mais mes réserves sur cette eau filtrée sont les suivantes.
Premièrement l’eau est souvent entreposée à même la pièce et non au réfrigérateur. Cette eau stagnante ne devrait rester que 8 heures maximum, alors qu’elle se retrouve parfois plusieurs jours en l’état. Deuxièmement, le site de lanutrition.fr met l’accent sur l’importance du magnésium dans l’alimentation et insiste même sur le fait que ce magnésium est 30% mieux absorbé par votre corps à l’état liquide que solide. Hors, les filtres de ces carafes proposent une eau pauvre en magnésium… pour ne citer que lui. Le professeur Philippe Hartemann, chercheur à la faculté de médecine de Nancy, insiste sur le manque général de magnésium chez les Français, par manque de consommation, qui peut encore s’aggraver avec des mauvaises habitudes si l’on boit comme boisson quotidienne une eau de « robinet » filtrée. Oui, certaines eaux sont dures au goût, mais en contrepartie elles apportent du calcium et du magnésium. Alors si l’eau du robinet de votre région est conseillée, mais présente un « goût » chloré, laissez un peu s’évaporer cette substance volatile.
Le magazine « Que choisir » du mois de mai 2010, informe ses lecteurs sur le sujet. Une carafe produit une pollution aux sels d’argent logés dans les cartouches ainsi que la diffusion de certaines résines à base de bisphénol-A. Une carafe filtre très bien le chlore, pour le transformer en un nid à microbes. Pour garantir une eau potable, l’eau du robinet contient du chlore pour son effet rémanent qui consiste à désinfecter sur une longue durée.
Source de pollution ?
Polémique autour des bouteilles en plastique. Ces emballages contiennent de l’antimoine, du bisphénol-A ou d’autres substances accusées de rendre nos eaux polluées, mais paradoxalement « sans l’être » en apparence, puisque les analyses se portent sur l’eau… avant sa mise en bouteille.
Polémique autour des bouteilles en plastique. Ces récipients sont jetés à la campagne, à la mer ou dans les villes pour finir, gisantes, à côté de leurs cousines, les canettes métal. Rien ne semble arrêter ces montagnes de pollutions visuelles et sanitaires. Pourtant, cela fait bien longtemps que l’on aurait dû réintroduire la consigne des bouteilles en verre, comme est en train de le faire l’Allemagne.
Et puis, dans les aberrations, comme l’homme sait en construire… combien faut-il d’eau pour fabriquer une bouteille en plastique ? Il faut entre 7 et 10 litres ! Tellement incroyable que cette information pourrait aussi figurer à la rubrique « source d’insolence ».
Source de bienfaits ?
Si votre besoin en eau doit couvrir un besoin en magnésium, le site de la nutrition.fr vous informe que « deux marques tiennent le haut du pavé pour le magnésium : Rozanna qui détient le record de l’eau la plus riche en magnésium avec 160 mg par litre et, côté eaux plates, Hépar qui affiche 100 mg de magnésium par litre ». Sinon, revenez une fois de plus à des valeurs simples, de l’eau du robinet après consultation des états à votre mairie et de l’eau de source, si possible en bouteilles de verre.
Source d’insolence ?
Les Incas, les Romains avaient une politique de récupération et de valorisation domestique de l’eau de pluie. Un soldat romain pouvait être puni, s’il nettoyait ses effets avec de l’eau conservée comme potable. « Le bruit de l’eau des rivières nous alerte des crues et nous parle de la vie des poissons, nous annonçant les temps d’abondance ou de disette. » dit le Chef du clan Gamebey du peuple Suruí du Rondônia au Brésil. Ces peuples ont su ou savent encore écouter la nature, préserver leurs ressources. Les exemples dans la littérature ne manquent pas quand l’on cherche à observer le génie de l’homme pour récupérer l’eau de pluie et les exemples d’insolence ne manquent pas si l’on observe notre civilisation, notre société dite « moderne » et « civilisée ». Une honte quand je vois l’utilisation que l’on fait de l’eau. Allez chercher l’eau au puit était une gageure, je vous l’accorde, mais sa version disponible au robinet a changé nos comportements et a transformé les habitudes. Tout paraît normal, et semble être un dû. Comment peut on laisser depuis toutes ces années partir l’eau de pluie aux « eaux usées » ? Comment peut-on laisser l’eau potable nettoyer nos voitures, ou couler dans nos toilettes ou douches ? Comment peut-on promouvoir sans cesse la consommation de viande industrielle, quand on sait que 1 kg de viande nécessite 100 000 litres d’eau « virtuelle » ? Comment peut-on autoriser les cultures délocalisées et planter du maïs dans des pays qui manquent d’eau ?
Alors eau… source du bien ou source du mal ?
Il parait évident, à tout un chacun, que l’eau est un élément indispensable. Vital, nécessaire à toute forme de vie. Riche en minéraux, en oligo-éléments, elle est présente à 80% dans notre corps. Individuellement, nous pensons avoir appris sa fonction à l’école, mais collectivement, nous l’oublions. L’eau doit rester une source de plaisir avant tout et nous devons donc la préserver.
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Sources d’inspiration :
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/mondial/05_eau.htm
http://www.cdurable.info/+Faut-il-bannir-les-bouteilles-d-eau-en-plastique,1466+.html.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eau_min%C3%A9rale
http://www.lanutrition.fr/L-aluminium-dans-l-eau-du-robinet-a-2335.html
http://www.lanutrition.fr/Jean-Fran%C3%A7ois-Narbonne-eau-en-bouteille-ou-eau-du-robinet-a-4398-252.html
http://www.lanutrition.fr/De-l-eau-pour-faire-le-plein-de-magn%C3%A9sium-a-4299.html
http://www.cieau.com/qualite_eau.html
http://www.quechoisir.org/guides-d-achat/Quelle-eau-boire/69B6DE7E121D573CC125770A005392A6.htm?utm_source=art&utm_medium=print&utm_campaign=artqccara
http://www.histoire-genealogie.com/article_pdf.php3?id_article=359#search=%22histoire%20origine%20de%20l%27eau%20courante%20a%20paris%20%22
http://www.lefigaro.fr/sante/2009/04/21/01004-20090421ARTFIG00013-faut-il-bannir-les-bouteilles-d-eau-en-plastique-.php
http://www.igepac.over-blog.com/article-pour-etre-sur-de-boire-une-eau-non-potable-utilisez-une-carafe-filtrante-49885367.html