L’alimentation est un sujet vaste, profond et léger à la fois. Il divise, passionne ou indiffère. Depuis vingt ans, je n’ai pas arrêté d’apprendre, d’écouter et regarder ce qui se passe autour de moi. L’alimentation devient un sujet d’action pour ceux qui souhaitent changer de silhouette, de monde, d’avenir ou de fin de mois plus faciles. En tant que consommateur, petit-fils de paysans, consultant en marketing visuel, formateur en changement de comportements alimentaires, conférencier en désobéissance alimentaire, il ne m’a pas échappé que nous sommes ce que nous mangeons. Au fil des âges, des modes et des peurs, tout est un éternel recommencement.
Mon lien plus ou moins proche avec l’aliment me donne envie de dresser un tableau, parfois sombre, parfois plus éclairé. Mais la critique est une forme de constat progressiste qui aide à l’enthousiasme. Comme s’il fallait faire constater ce qui ne va pas pour que tout un chacun s’y retrouve et en façonne des solutions au changement.
L’ALIMENT, UN SUJET HISTORIQUE
La nourriture est le sujet qui peut faire trembler un peuple. Les famines consécutives des agricultures de subsistance ont fini par donner l’idée aux hommes de s’octroyer une totale emprise sur le vivant. Dans l’histoire de l’humanité, les seules âmes à détruire l’écosystème restent les humains. Paradoxe d’une intelligence devenue conditionnée par le profit. Chaque fois que l’homo sapiens s’est installé quelque part, il a fini par redessiner un paysage à son image… de prédateur. C’est unique et devient dramatique pour l’histoire de la Terre. Notre cohabitation avec l’homme de Néandertal a été notre première invasion jusqu’à l’extinction et l’absorption totale de la race. Plus adaptés à notre milieu, moins calorivores que nos ancêtres, plus enclins à développer des raisonnements et à évoluer en milieu hostile, nous avons supplanté les millions d’années d’une évolution lente et paisible. Nous passons alors dans un monde de calculs, de contrôles et de destructions. Les animaux et les végétaux sont devenus notre propriété. Nous pillons et exterminons sans relâche, convaincus que nous en avons la nécessité et le droit. Ainsi, l’homo sapiens étant ce qu’il est, sa présence a fait perdre en quelques millénaires, à l’Australie, la totalité des animaux de plus de 45 kilos.
L’ALIMENT, DES PHASES
Les trois phases alimentaires de notre alimentation sont ainsi dessinées.
Une première vague de cueilleurs/chasseurs couvrant 100 000 générations, des individus grands, musclés, solides avec une alimentation sans blé, lait et sucre. Leur mode de chasse au corps à corps -il n’avait pas inventé les armes de jet- les a conduits à prendre des risques au quotidien pour une espérance de vie réduite à 30 ans.
Une deuxième vague, la plus proche de nous est celle des agriculteurs/éleveurs avec 800 générations qui ont su exploiter les ressources de la terre, sans la piller. Cette période a été charnière, car même si la symbiose avec le sol et les animaux était respectée, cette nouvelle abondance d’aliments a fini -de façon très subtile- par modifier notre rapport à l’alimentation. La quête du confort a apporté son lot de désagrément et nouvelles maladies occidentales. L’agriculture de subsistance va devenir une agriculture d’économie. Le gibier devient une bête domestique parquée, passive et nourrie par la main (et les produits) de l’homme. Les végétaux mutent à force de croisements sélectifs basés sur le rendement. Les vergers apparaissent pour donner un change plus sucré aux baies et fruits des bois. Seule la pêche reste encore une activité liée au hasard et à la sélection naturelle des poissons.
La troisième vague nous est familière. Ces 10 dernières générations, tout s’est accéléré, l’homme a segmenté ses activités en métiers. Ceux qui nous nourrissent maitrisent le monde, tels des prédateurs destructeurs. L’aliment est un sujet de spéculation, de pression, de rendement, de parts de marché et de guerre sans merci. L’animal est un produit maltraité, spéculé et transformé pour répondre à l’abondante demande. L’agriculture s’est ultra professionnalisé et informatisé pour user la terre jusque dans ses derniers retranchements. Le vivant est manipulé en laboratoire, telle une chimère. Les multinationales se font la guerre à coup de brevets pour imposer leurs nouvelles lois de consommation. La quantité a replacé la qualité au rang de niche, hors de prix. Au sein de cette religion industrielle néfaste et dévastatrice, le marketing en est le gourou et la grande distribution son royaume. La prédication à la prédation est sans relâche… comme si tout devait disparaitre, le plus vite possible ! Pollution, OGM, mutation, épidémies, appauvrissements des sols et des hommes… sont autant d’échos du nouvel ordre mondial.
L’ALIMENT, UN RISQUE
L’activité humaine a toujours plus ou moins pollué. Le plomb des Romains de Jules César, le charbon de l’ère industrielle, les particules fines de nos moyens de transport modernes et les nano-ingrédients auront-ils notre peau ? Le procès pour pollution n’est pas nouveau, mais rien ne change. Il ne semble pas y avoir de punition fatale aux déforestations, aux émissions de produits dangereux, aux déversements sauvages et autres comportements inconscients. Toute cette pollution, qu’elle soit industrielle, humaine sur la base de polluants, pesticides, fongicides, perturbateurs… ou autres inventions des multinationales chimiques, mène à un seul chemin : une contamination et une profonde transformation mutagène de notre sol nourricier. Tout ce que l’on mange provient de la terre. Ce système “air-terre-eau” est une machine formidablement bien pensée, mais terriblement fragilisée. L’homme s’est attiré les foudres des dérèglements en tout genre et subit dorénavant les souffrances de maladies physiques et psychiques incompréhensibles. Le génie humain, maladroit, finit même par inventer des maladies dans les élevages d’animaux domestiques. Confinés de façon désolante, ces futures barquettes de viandes “low cost” n’ont pas de droits faute de témoins de leurs calvaires. Leurs bourreaux ne seront pas inquiétés, car soutenus par de puissants lobbys qui usent et abusent de la communication et des richesses cumulées.
RAISONNEMENT.
Prenons un exemple significatif des priorités écologiques : Il suffit de se promener en ville pour s’apercevoir que la ceinture de sécurité ou le port de casque est considéré comme obligatoire et nécessaire, par peur du gendarme avant tout. Les campagnes de communication autour de la voiture nous ont expliqué que nous étions dangereux de ne pas mettre notre ceinture. Mais c’est faux. Nous sommes en danger, mais nous ne mettons pas les autres en danger. Outre, le débat sur les conséquences terribles d’un accident sans ceinture, nous ne sommes à ce stade nullement des dangers sur la route. Et pourtant, vous êtes verbalisé financièrement et vous perdez des points. La réponse intègre face à un non-port de ceinture pourrait se solder par un refus de couverture d’assurance en cas d’accident, mais le choix s’est porté sur une répression massive et rémunératrice. On trouve ce même principe avec les vaccins. L’obligation (l’achat) serait censée nous protéger ? Mais en y réfléchissant, on se rend compte qu’un non-vacciné prendrait ses responsabilités alors qu’un vacciné serait tout simplement protégé. Le discours des autorités sanitaires est tout autre. Le non-vacciné est dangereux. Incohérent et surtout pas rémunérateur. Il est plus juteux d’imposer la vaccination. Pourquoi cette divagation ? Pour montrer que tout cela est acté, matraqué et accepté pour de nombreux sujets, mais jamais pour l’écologie et la protection des consommateurs. Chaque jour, des tonnes de cigarettes sont jetées par terre, des détritus et sacs en plastique. Un seul mégot souille 500 litres d’eau, mais tout le monde s’en fout. Osez faire une remarque aux gens pour une cigarette ou un emballage jeté par terre et vous passez pour un extrémiste. Ils ne comprennent pas que l’on puisse interférer dans leur liberté. Ils auraient la désagréable impression qu’ils ne peuvent plus rien faire. Souvent bien habillés, parfumés et/ou maquillés, ce stéréotype de personnes ne se rendent même plus compte, par ce simple geste banal, de l’impact sur la nature, et le futur de leurs enfants. Et pourtant… je n’ai jamais vu une seule verbalisation pour cela. Improbable. Mal perçu. J’ai même posé la question à des policiers en tenue, qui me disaient être écologistes et en colère, mais que le maire ne les avait pas autorisés à cela. “On ne peut pas mener quelqu’un au poste qui refuserait de donner ses papiers lors d’une interpellation pour pollution”, me rajoutait-il ! Et pourtant, une police écologique serait bien plus rémunératrice dès les premières années. Tout est notion de priorité et la pollution n’en ait finalement pas une, lorsque l’on s’éloigne des urnes.
L’ALIMENT, TON MÉDICAMENT
Hippocrate, en considérant l’aliment comme notre première médecine, avait certainement raison, mais les temps changent. La médecine moderne “allopathique” est dépassée et désarmée face à ces nouveaux risques. Notre alimentation est tellement déstructurée qu’il devient inimaginable de penser qu’elle puisse nous protéger, à défaut de nous nourrir. Une pomme n’est plus celle des années 50. Elle y ressemble et sait se montrer plus belle encore, mais elle reste d’une fadeur nutritionnelle sans précédent. Les consommateurs, fragilisés par ce mode de vie, se sont tournés vers une médecine chimique curative, comme pour faire passer la pilule. Une science du pansement à court terme et non dénuée d’effets secondaires. À qui profiterait une rééducation complète de notre alimentation, du champ à l’assiette ? À personne il faut croire. En tous les cas, surtout pas à ceux qui dominent les marchés alimentaires, ces mêmes qui tentent de nous enlever le droit fondamental de l’aliment pour le remplacer par un droit financièrement rentable du produit !
Si l’on décidait de matraquer les pollueurs, de poursuivre les escrocs, d’assainir les réglementations alimentaires de tout conflit d’intérêts, cela n’arrangerait pas les affaires lucratives des multinationales alimentaires et pharmaceutiques. C’est tout simplement inconcevable tant ils sont présents à Bruxelles et dans les sphères les plus intimes des décisions parlementaires, si ce n’est du pouvoir. Ils brandiraient le joker du volet social et de la lutte contre le chômage, du droit au commerce et du travail pour tous… Mais, ces sauveurs du monde mettent un mouchoir sur l’appauvrissement des sols, des énergies, des ressources et des hommes sur fond de bas salaires.
“Mangez ce que vous voulez, nous nous occupons du reste”. Cette invitation, sous un faux air matriarche, cache une terrible ingérence des lobbies, allant de la boite de conserve à la boite de médicament. Tout est fait pour ne pas vous dérouter de la sacro-sainte voie consumériste, très, trop rémunératrice. Certains professionnels de santé se sont réveillés, un matin en criant ne plus pouvoir suivre ce mouvement. D’autres, aveuglés par leurs besoins d’argent, sont devenus incapables de penser autrement que par l’acte rentable. Tout le monde a connu un médecin généraliste, un spécialiste, un dentiste ou un praticien qui n’écoute plus son patient -pour ne pas dire client. Un professionnel endetté et enfermé dans un train de vie qui ne trouvera réconfort de rentabilité que dans l’expédition méthodique et organisée de ses habitués. Il vous imposera un traitement, à défaut d’écouter vos réels symptômes. Pire encore, il sera tenté de “vendre” les mérites d’un produit pharmaceutique pour lequel nous n’avons aucun recul, au détriment d’un vrai diagnostic.
La prévention bienveillante ne rapporte rien. J’en sais quelque chose. Elle use parfois même. Imaginez ce que l’on peut ressentir quand on voit des “con”sommateurs bouffer comme des boeufs, et se rabattre sur les bienfaits des cures thermales… aux frais du contribuable. Leurs raisonnements consistent à manger (s’empiffrer), sans se soucier de quoi que ce soit, puis de se donner bonne conscience par la perte de quelques kilos, en “vacances” financées par une sécurité sociale finalement abusée. Chaque année sera une année de recommencement, jusqu’à épuisement. Un assistanat intolérable, préjudiciable à tout un système.
PARADOXE.
Quand on est formateur et que l’on se lève le matin, que l’on apprend à des élèves à se méfier d’un système qui nous entoure, et que l’on combat. C’est un sacerdoce, on est en alerte permanente sur les dérives d’une mécanique marketing qui ronge la société. Les gens qui bouffent à en crever, les gens qui consomment de la télé-réalité, qui font des crédits à se perdre, les gens propres sur eux qui jettent leurs mégots par terre sans se soucier des conséquences sur les générations futures. Comment expliquer à toute une génération que la rue, la nature, les plages, les montagnes, les calanques ne sont pas des poubelles. Ils jettent tout par terre : fast-food, canettes, boissons en poches en alu… sur fond de spot TV ou Radio les incitants à consommer avec frénésie et plaisir, tout en jalousant son prochain, mentant pour arriver a ses fins ou pire, en exigeant à ses parents. Ce business modèle publicitaire est très dangereux, car il conditionne la société en lui renvoyant une image fascinante “maquillée”.
L’ALIMENT, UN ENJEU
L’alimentation est un enjeu vital… non par pour se nourrir, mais pour s’enrichir. On tue encore de nos jours dans le monde pour ce profit. Des populations fragiles sont victimes de pressions, de viols, de violence et d’extermination pour un lopin de terre nécessaire à la croissance d’une marque. La terre était universelle. Elle a été d’abord parcellée et finalement privatisée. On en est aujourd’hui expulsé. Le monde est en compétition et cela commence à l’école. Votre enfant doit être non pas être instruit, passionné ou volontaire, mais premier de la classe, d’un concours ou d’un entretien. Pas de place aux plus faibles. Une faiblesse toute relative, dictée par des mécanismes mathématiques excluant les hors sujets. Pas de place aux doux rêveurs qui ne songent pas à dominer le monde. À se demander si les plus grands philosophes, littéraires, artistes ou inventeurs du XVIIIe siècle auraient pu s’exprimer et exister dans un monde aussi calculateur que le nôtre. Sans ignorer que les siècles passés n’étaient pas tendres pour le commun des mortels, ils n’avaient pas encore troqué tout raisonnement humain contre un raisonnement technologique. Notre ère du big data a accéléré la compétition. Celui qui à l’information est puissant. Celui qui détient les clés du fameux “comportement du consommateur” devient le roi du monde. L’entreprise, devenue multinationale, est aujourd’hui positionnée sur une échelle de pouvoir financier supérieur à celui des États. Le poids des présidents appartient à ceux de quelques hommes au CAC 40. Leur fièvre de tout posséder, tout savoir, tout revendre n’est pas encore perçue comme une menace avec suffisamment de sérieux. Une poignée d’hommes et de femmes luttent pourtant tous les jours à Bruxelles contre la protection de la vie privée, fer-de-lance du e-commerce, mais nos élus ne comprennent pas l’enjeu. Au final, cette compétition est incompatible avec l’entraide. Elle bannit la compassion et l’évolution naturelle de l’homme. L’épanouissement a laissé place à la violence et l’indifférence dont les centres commerciaux, ouverts le dimanche, ne sont qu’un des témoins dominicaux. Sans se risquer à la naïveté, il n’est pas rare de constater que les marchés paysans sont quant à eux, empreints d’humaniste, d’échange et d’intelligence. L’enjeu d’un autre futur commence ici.
L’ALIMENT, UNE RELIGION
La normalité ! Ce mot simple est d’une complexité remarquable. Quand suis-je normal ? Le suis-je en refusant les produits industriels, en fuyant les grandes surfaces, en refusant les modes dévastateurs et exponentiels de matières premières ? La norme a changé, la normalité a changé de camp. Tout a changé. Il faut connaître les derniers buzz, ou versions de mobiles, pour ne pas paraitre “has been”, et tant pis si l’on ne connait pas le nom des fleurs, animaux ou autres savoirs naturels. La priorité est devenue la technologie. La science a pris le dessus sur l’intelligence. Après des années de tentatives avec la médication, nous avons fini par abdiquer pour un tout autre mode tout aussi absurde et dévastateur : la foi au data et à l’informatique.
DÉCALAGE
Un élève m’avait même confié, un jour, qu’il ne savait plus comment élever son enfant. “Si je lui apprends à être généreux, accueillant, poli, sincère et loyal, il va devenir fragile et vulnérable”. Qui s’occupera de lui, qui l’aidera alors ? Personne, il devra se débrouiller seul, car il n’aura aux yeux de la société besoin d’aucune aide. Il me rajoute “Regarde lorsqu’on fait un conseil de classe, on ne reste sur le dossier d’un bon élève que quelques secondes en insistant sur le fait que pour cet élève “il n’y a rien à dire”. Toute l’attention va être portée sur les éléments perturbateurs. Le conseil de classe va se prolonger sur ce sujet afin de finalement dire toujours la même chose et de ne trouver aucune solution. Oui, mais pendant ce temps, on ne parle pas de ceux qui travaillent dur et souhaite s’épanouir sans besoin d’assistanat”. Ce mécanisme est le même pour beaucoup d’initiatives positives effacées par les mauvaises nouvelles et les faits dégradants de notre société. Cette anecdote permet de comprendre comment fonctionne la société et comment elle se façonne. L’alimentation n’est que son reflet.
Au final, une nouvelle génération a été posée sur terre. Une génération qui ne se pose plus les mêmes questions que nous. Quoi manger ce soir est devenu un acte de plaisir. Le “pornfood” l’a emporté sans pudeur. On s’éclate, on textote en se faisant une soirée burger-coca ou un trip sachet de bonbons gélatineux-vodka, ans se rendre compte que l’on s’éloigne de la nature. Un hasard non ? Des études ont montré que plus on pousse un ado à s’éloigner de la nature, plus on le fait consommer. L’innovation technologique, semble vouloir imiter l’émerveillement que l’on peur ressentir face à un fruit qui pousse. On innove l’aliment, on en fait des salons de l’innovation pour diriger le client vers sa marque, vers des concepts, brillamment brevetés. On achète le vivant, on s’accapare le consommateur, on le fait sien. On divise, on enflamme, on fidélise aussi bien que le ferait une secte. On diffuse le message à coup de matraquage médiatique, de sponsor, de branding et autres mécanismes stupides, mais efficaces. Pour pallier à la forte personnalité “rebelle” qui se construit autour de l’unique, le marketing de masse a atomisé l’identité. Rendu fragile, vulnérable nous errons dans l’attente de la nouveauté. La mode en est un excellent exemple.
L’ALIMENT, SOUS INFLUENCE
Le truisme qui consiste à répéter sans cesse, une vérité non vérifiée et non vérifiable, finit par imprimer une idée de vérité absolue. Les conseils nutritionnels autour des vertus du lait, des yaourts, des céréales ou des jus de fruits en sont les maitres dominants. Le marketing se défend de confondre l’hyperbolisation et le mensonge. Les publicités deviennent ridicules et pleines de non-sens, mais sont devenues un art respecté. Bien joué ! Toute une intelligence créative, qui n’est pas prête à lâcher sa part de pognon, sait créer du luxe avec des images, des mots et des sons. Des mousses chocolatées présentées comme des joyaux inestimables, des cafés vendus à pris d’or dans des temples dignes de bijouterie de luxe, des biscuits nécessaires pour compenser l’absence des parents, des gammes d’aliments nécessaires à la protection, l’apprentissage ou l’énergie de vos chérubins.
La publicité me fait penser parfois à l’expérience de Milgram, elle est capable d’anéantir tout raisonnement humain au profit d’un ordre, stupide soit-il, comme si une nouveauté devenait dans ce cas une nécessité de consommer !
Toutefois, pour finir sur une note de joie, je n’ai jamais compris pourquoi les marques s’épuisent-elles à continuer d’inonder les radios et télévisions avec des spots pub ? Cela coute de l’argent à la marque pour au final avoir peu d’impact. En effet, tant d’intelligence gâchée pour des annonces publicitaires en interrompant nos programmes nous gâche tout autant le plaisir. Demandez autour de vous, quel est le premier geste qu’ils font lorsqu’ils sont dérangés par un spot envahissant. Les réponses sont sans appel ? Personne ne me dit rester devant son téléviseur, ou sa radio. Premier geste militant, on zappe, et cela fait du bien, avec à chaque fois le risque de trouver mieux ailleurs. On part au petit coin ou on s’endort. Bref, rien de bien efficace pour la marque, mais là n’est pas mon inquiétude, alors qu’il leur suffirait d’arrêter pour ne plus nous parasiter le programme. Car le mot est lâché, la publicité est un mode parasitaire qui se nourrit d’un mode jusqu’à plus soif. Croyant récompenser ses actionnaires avec des cachés mirobolants, elle ne fait que faire fuir ses auditeurs. De plus en plus de gens préfèrent trouver un film ou un documentaire sur une clef USB que d’attendre son passage TV affublée de coupures, de le regarder en replay pour “jumper” les pubs, dénicher des canaux musicaux sans pub via le web… Un monde s’installe.
L’ALIMENT MENSUALISÉ
La mensualisation de nos achats est une domination du capitalisme sans retenue. Les logiciels, les clouds, les téléphones, les télévisions… nous poussent à consommer mensuellement, par de petits abonnements, à la fois ridicules et conséquents quand on les cumule. Au final, toute votre vie est à crédit et se retrouve dans une spirale de consommation pour le “toujours plus”. Les problèmes financiers domestiques commencent à se révéler, quand tant de consommateurs n’ont jamais pris le temps de comptabiliser le total de toutes ces offres disséminées. Avec les gadgets internet, que l’on tente de façon insupportable de nous présenter comme une nouveauté incontournable, tout finira, si l’on ne prend pas garde, par une mensualisation de l’alimentation. Sans plus aucune possibilité d’y échapper, nous serons “contenus” dans des réseaux agroalimentaires, et serons les tiroirs-caisses de nouvelle supra multinationales, encore plus puissantes que nos gouvernements.
L’ALIMENT… UNE GRAINE D’ESPOIR ?
Quand on voit les Bushmen en Namibie (derniers cueilleurs-chasseurs de la planète), nous sommes tentés de les sortir de la pauvreté. Finalement on se rend vite compte qu’a contrario, eux seuls pourraient nous sortir de notre pauvreté intellectuelle, si l’on prenait le temps de s’intéresser à leur mode de vie : zéro empreinte écologique, chasse durable, cueillette intelligente, entraide… Y’a un peu de boulot, je sais !
Ne soyons pas défaitistes, malgré notre formidable ignorance sur ce sujet et nos négligences passées, il reste de l’espoir. Le combat est à remettre entre les mains d’une génération militante et concernée. Mais encore, faudra-t-il qu’elle ne soit pas endormie par une carrière trop “technologique” ou pire, littéralement absorbée par la chasse aux Pokémons.
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