La ministre de la Santé a presque tenu ses promesses… presque. En effet, dans la cadre de la Loi Santé 2016, elle avait promis un affichage de la qualité nutritionnelle sur les produits alimentaires et c’est chose faite. Mais elle avait surtout promis que cela serait dans l’intérêt du consommateur afin qu’ils soient informés et là, la promesse ne pourra pas être tenue.
Explications.
Pour rappel, la démarche vise à afficher un logo simple, coloré, permettant la comparaison rapide entre deux produits de même nature. Ainsi, le consommateur, grâce à une nomenclature scientifique basée sur les savoirs actuels en matière de nutrition, comprend de manière claire, rapide et limpide pourquoi un produit est mieux qu’un autre pour une consommation quotidienne. Ça fait rêver ! Mais ce n’est pas la réalité.
L’association FoodWatch.org insiste sur cette promesse non tenue et décevante, une fois de plus : “En voyant le résultat, nous n’avons pu que déchanter. Au lieu de s’appuyer sur des avis scientifiques pour choisir un système d’étiquetage clair, la ministre de la Santé a lancé une expérimentation pour évaluer en conditions réelles quatre de ces logos nutritionnels. Sauf que… celle-ci est pilotée par le Fonds français pour l’alimentation et la santé. Or le FFAS représente les intérêts de l’industrie agroalimentaire. C’est cette même industrie qui s’oppose à tout système d’étiquetage qu’elle n’aurait pas elle-même conçu. Les déclarations du Président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), tout comme l’intense lobbying mené auprès des députés et du gouvernement le prouvent. Comment croire dès lors à l’impartialité du FFAS qui fait aujourd’hui mine de jouer le jeu ?”
En effet, on peut reprocher aux tests de ces produits, une analyse qui ne repose sur aucun fondement scientifique suffisamment solide, en tous les cas c’est ce que pense, la SFSP (Société Française de Santé Publique), la SFP (Société Française de Pédiatrie) et la SFN (Société Française de Nutrition).
Foodwatch.org nous informe que « Inquiets face au risque de conflits d’intérêts, six experts renommés ainsi que le directeur de l’INSERM lui-même ont claqué la porte du Comité scientifique de l’expérimentation. »
Ainsi pour enrayer ce système, Foodwatch.org organise une pétition, que je vous encourage à signer :
avec comme explications :
[…sur le terrain, la mise en œuvre est un fiasco. Le Monde, entre autres, a constaté de nombreux problèmes qui illustrent bien son manque de fiabilité : erreurs, absence de pictogramme sur les produits concernés, grandes marques non-étiquetées, etc.
Cet étiquetage est un enjeu majeur de santé publique. L’alimentation contribue à la progression des maladies chroniques (ou affections de longue durée, ALD). En France, les ALD (comme le diabète ou l’obésité) touchent déjà 15 % de la population – 10 millions de personnes. Il est donc urgent de donner aux consommateurs les outils pour reconnaitre et comparer les qualités nutritionnelles des aliments. La mise en place d’un tel étiquetage en France ne serait que volontaire, mais pourra influencer une future règlementation européenne, elle, contraignante.
Marisol Touraine doit s’engager pour la réduction de profondes inégalités sociales de santé et l’accès à une nutrition de qualité. Il est encore temps d’arrêter cette « expérimentation » qui n’est rien d’autre qu’une mascarade orchestrée par les lobbies industriels et la grande distribution.
Foodwatch est une association que je suis et soutiens car nous menons le même combat. Son fondateur, Thilo Bode a accepté une interview concernant le TAFTA, dans « Je ne mange pas de produits industriels ». Ed. Eyrolles.