22 novembre 2024

Reportage : Manger bien, manger sain entre midi et deux ?

Cet article se concentre sur une adresse à Aix-en-Provence, mais comme toujours, il permet d’apprendre et comprendre le mécanisme permettant de choisir une enseigne, où que l’on soit ! Paris, Clermont-Ferrand, Grenoble, Limoges, Bordeaux, Toulouse, Lyon… le bon sens s’invite où on le souhaite 🙂

Entre midi et deux, une tranche horaire spéciale.

Je suis toujours à la recherche de lieux pour manger le midi, que cela soit à Paris ou Aix-en-Provence. Comme je l’ai souvent dit, ou écrit, il est compliqué de trouver un endroit ou l’on puisse manger frais, non industriel (non transformé) et pour un budget renouvelable 5 fois par semaine. Les restaurants traditionnels n’ont pas encore compris que les tables vides du midi pourraient se transformer en plats à emporter, si l’offre s’adaptait au marché. Emporter un tian provençal (sans un odieux fromage posé dessus), une ratatouille (réellement) maison, une viande rôtie-quinoa, un saumon miso-poireaux…

L’offre tourne en rond.

Côté variété, c’est compliqué, car je considère qu’un bon concept alimentaire est celui que l’on peut consommer tous les jours et ce n’est malheureusement pas le cas (du moins pour moi) des plats annonçant des pâtes, des pommes de terre, des béchamels… à chaque menu. L’astuce alliant fraicheur, inventivité, équilibre (pour peu que l’on outrepasse le classique hamburger) et prix se niche dans les foodtruck, mais là encore, intra-muros cela reste compliqué tant ils ont été chassés par les restaurateurs municipalités .

Les restaurants chinois ont toujours eu une longueur d’avance, sur les restaurants classiques, en proposant systématiquement des plats à emporter. Les restaurants “traditionnels” n’y ont jamais pensé et ils devraient, car l’offre “asiatique” s’est dégradée ces dernières années. Leurs plats sont souvent devenus trop sucrés, lourds et surtout industriels (gyoza, dim sun, ha kao, siu maî, ban bao, nougat…)

Un renouveau

Lorsque j’étais consultant en marketing visuel, mon associé et moi faisions des interventions, sur 13 semaines, à l’ITC (Institut des Techniques de Communication) et à l’IRCE (Institut Régional des Créateurs d’Entreprise). L’expert comptable qui intervenait avec nous disait cette phrase pleine de sens “Pour créer une entreprise, il faut… un grain de folie”. Il avait raison de le dire à ces nouveaux arrivants, boostés et parfois aveuglés par leurs projets. Il avait raison, car, il faut dire aux jeunes entrepreneurs que cette aventure demande de la réflexion, mais surtout un projet viable. Combien ont plongé vers l’appât du gain (jamais attrapé) des bijoux fantaisies, des yaourts glacés, de la sandwicherie sans âme, des jus de fruits minutes ou très récemment des “savons de Marseille” ?

Ceci étant dit, on se demande pourquoi tant de projets en restauration existent, sans aucune once d’intelligence et de bon sens, mais avec au final beaucoup de déceptions et de dettes.

Une découverte, une pépite.

À Aix-en-Provence, depuis peu, Claire et My, deux copines de promo toute droit sorties d’une école de commerce, ont eu une idée “simple”, mais à encourager et féliciter pour trois raisons. L’enseigne s’appelle PAIN D’ASIE, 4 rue de la Couronne à Aix et propose une cuisine vietnamienne. Jusque là rien d’exceptionnel, avec une petite devanture et un périmètre graphique sans prétention, faisant tout le charme. En marketing visuel, mes clients étaient exigeants sur leur périmètre graphique et l’ADN de leur marque tant ils avaient beaucoup de défauts à masquer ou faire oublier. 🙂 Mais chut, personne n’en parle.

paind-asie-bobun

Premièrement

Elles ont ce grain de folie qui leur a fait sauter le pas. Elles ont décidé de créer leur entreprise et l’on ne peut que partager leur enthousiasme. Il faut donc les faire connaître.

Deuxièmement

Elles ont choisi un lieu stratégiquement situé en plein cœur de ce que j’appelle “un désert alimentaire”. En effet, je ne peux que soutenir tout fervent défenseur de l’aliment, c’est un acte militant. En lutte même sans le savoir, contre la malbouffe, elles sont situées dans une zone touristique/étudiante ne proposant majoritairement que des produits industriels, manufacturés, franchisés. Des lieux, où la main-d’œuvre se résume à des étudiants sans expérience et sans formation. Des lieux où la moindre réclamation pour changer un ingrédient allergène, cultuel… par un autre est impossible, de par la nature même du produit… déjà assemblé en usine. C’est un sujet que j’avais abordé dans le 3e livre “Je ne mange pas de produits industriels”. Malheureusement, mes pérégrinations nationales ne font que confirmer que les petits artisans brasseurs, traiteurs, bouchers, pâtissiers, boulangers… n’arrivent plus à assumer les exorbitants loyers de ces zones, ou tout simplement à trouver un repreneur.

Troisièmement

Leur carte est idéale. Les quantités sont “justes”. Elles se refusent à vous servir un demi-kilo au détriment de la qualité. Elles préfèrent vous servir une viande de qualité, cuite à point devant vous et vous le servir, sans aucune autre forme de sincérité. Le concept est simple. Sur la base d’une préparation à BoBun*, en variant les viandes (poulet mariné ou crevettes), vous avez la possibilité -à quelques ingrédients prêts- de manger un BoBun, une salade (sans vermicelle, mais avec des tomates), un sandwich vietnamien (banh mi), des rouleaux de printemps. Un concept simple, frais, fait maison devant vous, sans produit transformé industriellement (c’est que qui m’intéresse dans ce type de cuisine) pour un bon rapport qualité-prix. Côté boisson, le piège du soda n’est pas de la partie, car là aussi, elles ont choisi la simplicité et l’authenticité. Eau, thé aromatisé, eau de coco, mais surtout une citronnade maison excellente.

Voilà trois raisons qui me font écrire un papier sur PAIN D’ASIE. Comme toujours, cet article est daté et je l’espère sera valable le plus longtemps possible. Ne passez pas à côté d’une telle enseigne. Ouvert le midi et le soir, vous ne pouvez que gouter à un BoBun. 

* Salade de bœuf aux vermicelles composées de carottes marinées (très rare de trouver cette authenticité, il faut donc le souligner), de concombre, d’oignons et de bœufs cuits ensemble, de salade et de vermicelles de riz cuits et refroidis, accompagnée d’oignons frits (pour ma part je préfère la cacahuète grillée, non salée plutôt que ces oignons un peu industriels, disons-le.) Le bœuf, fer-de-lance du BoBun, est de très bonne qualité, ni trop fibreux, sans odeur de premier prix, sa tenue et sa saveur sont fidèles au rapport qualité-prix.

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