Rien, ni personne, n’échappe à ces « attraits rayons » inspirés par des marchands de rêves, et il est manifeste que, cet hiver, nous allons une fois de plus faire face à un nouveau phénomène marketing … celui des légumes oubliés. Chaque année, comme si le marketing alimentaire était en panne d’innovation, on nous ressert la même soupe. Oui, car on innove avec du neuf, mais aussi avec de l’ancien. Pour exemple, il est maintenant de notoriété publique que 99 % des tomates cœur de bœuf à l’ancienne n’en sont finalement pas. Imaginez alors le potentiel de tout ce que l’on peut faire avaler au consommateur en lui promettant seulement de l’authenticité ?
Vertus gustatives et santé incontournable sont les deux termes qui reviennent souvent, mais il faut savoir que contrairement à ce qu’il se dit, le Moyen-Âge n’est pas la période la plus propice aux meilleures expériences culinaires. Des légumes oubliés certes reviennent sur les étals, mais attention aux escroqueries mentales. Premièrement, certains légumes ou fruits sont beaucoup plus récents, sous nos contrées, que l’on pourrait imaginer et deuxièmement, leurs productions destinées, à l’alimentation modeste un premier temps, se retrouvent « starisés » par le marketing pour atteindre des prix au kilo insolents. Un kilo de topinambour à 8 € le kilo ferait se retourner dans leurs tombes les héros de la Deuxième Guerre mondiale.
I. Changement de table.
La haute bourgeoisie du Bas et Moyen-Âge accède timidement à quelques légumes, parfois sans saveur ou intérêt gustatif. Le reste de la population est alors plus préoccupée à trouver de quoi manger et finir par se rabattre devant une soupe de navets et un bout de pain dur de gruau de blé. Cette longue période du Ve au IXe siècle a été traversée par de constants bouleversements, hormis sous le règne de Saint Louis, et il faudra attendre le XVe siècle et le dernier souffle de cette phase médiévale pour enfin retrouver les jardins médiévaux embellis et enrichis par les beaux jardins potagers. Si l’on peut voir arriver sur nos tables une variété de fruits et légumes issus de croisements, de croisades, de passions, d’échanges et de connaissances, il faut aussi garder à l’esprit que les jardins sont entretenus pour un besoin précis, basé sur les lois religieuses et symboliques.
Il y a beaucoup d’anachronismes sur la table que l’on prétend dresser en souvenir du Moyen-Âge. On ose y poser des courgettes, des pommes de terre, des tomates ou des potirons, hélas, inconnus à cette époque sur le continent. Pas de thé, de café ou encore de chocolat non plus, pour votre dessert, car ils arriveront bien plus tard. Passé la vigilance que l’on doit porter à tous ces effets de mode, nous pouvons retrouver avec plaisir certaines nouveautés, ou plutôt « ancestralités » culinaires. Plaisir ? Pas toujours ! Exception va être fait pour les topinambours et les rutabagas. Ces deux légumes qui connaissent un franc succès auprès de la jeune population sont en « sainte horreur » et responsables de mauvais souvenirs pour les personnes ayant vécu la guerre de 39-45. Redécouvrons certains légumes « phares » de ces retrouvailles culinaires, sous la bénédiction de Saint Fiacre, patron des jardiniers et laissons la science nous apporter toute la lumière sur les « excitantes » expériences récentes qui révèlent un avenir prometteur à ces variétés riches en antioxydants, polyphénols, vitamines, et autres bienfaiteurs, bien qu’à ce jour environ 75 % des variétés comestibles cultivées il y a 100 ans ont totalement disparu. Espérons que cette foi en nos valeurs médiévales nous porte vers un retour aux cycles naturels de l’agriculture et un profond respect de la biodiversité.
Légume vedette sous le règne de Louis XIV, puis oublié. Particularité : acidité vivifiante.
Pommes de terre vitelotte
Crosnes
Bien que venant du village de Crosnes, dans l’Essonne en 1882, les crosnes sont aujourd’hui originaires du Japon, de la Corée et de la chine.
Légume racine très peu calorique, résultat d’un croisement entre un navet et un chou. Consommé en France depuis la fin du XVIIIe siècle, il n’a pas eu bonne presse durant la Seconde Guerre mondiale.
Topinambour
Tubercule au goût proche de l’artichaut, il est riche en glucides et en fibres. Les premières traces de culture en France datent de 1607. Son nom est emprunté à une tribu d’Indiens du Brésil qui étaient présents en France lors de l’introduction de celui-ci. La tribu des Topinambous a ainsi influencé la perception de son origine et cela a donné le « topinambour »… venant du Brésil.
Pâtisson
Cucurbitacées, tout comme le potiron, le potimarron, la coloquinte et la courgette. Riches en vitamines et minéraux, pauvres en calories.
Tétragone, Ficoïde, Arroche
Variétés d’épinards, riches en vitamine B9.
Chou-navet
Salsifis