Découvrez une interview exclusive de Ghislain Zuccolo*, directeur de la PMAF :
la Protection Mondiale des Animaux de la Ferme !
PMAF : Protection Mondiale des Animaux de la Ferme
J’ai une affection toute particulière pour le combat que mène cette association, la PMAF. Son directeur, Ghislain Zuccolo, et ses collaborateurs m’ont aidé à rédiger dans « Non aux oranges carrées », des textes précis, riches et extrêment bien documentés sur les conditions d’élevage des animaux. J’ai voulu vous faire partager en exclusivité, une interview de son directeur.
Stéfane Guilbaud : Si cette association existe, nous imaginons malheureusement que c’est pour répondre à un besoin de protection des animaux de ferme. Pourquoi notre société en est-elle arrivée là ?
Ghislain Zuccolo : Pendant des siècles, depuis la domestication débutée il y a 15 000 ans, l’homme a développé une relation harmonieuse avec les animaux, une véritable relation individuelle, voire affective. L’animal de ferme produisait à un rythme harmonieux sans être poussé au-delà de ses limites. Mais plusieurs changements majeurs sont apparus. Tout d’abord, au XIXe siècle, la zootechnie, qui regroupe la totalité des sciences et des techniques qui visent à perfectionner l’élevage des animaux, autant pour leurs performances de reproduction que pour les produits ou service à destination de l’homme. Ensuite au XXe siècle, ont été découvert la vitamine D puis les antibiotiques. Malheureusement, ces avancées scientifiques majeures ont soudainement permis d’entasser, ensemble, des milliers d’animaux dans des bâtiments clos, en les privant du soleil tout en maîtrisant les épidémies. Après la seconde guerre mondiale, en France, il y a eu une volonté affirmée d’accroître la productivité des animaux d’élevage et de faire disparaître les petites exploitations agricoles les moins rentables. Ce, notamment pour libérer de la main d’œuvre pour travailler dans l’industrie, qui était en plein essor. Il fallait aussi amener l’Europe vers l’autosuffisance alimentaire. À cette époque d’euphorie, ceux bien peu nombreux qui ont tenté de dénoncer les atteintes dont étaient soudainement victimes les animaux d’élevage ne sont pas parvenus à se faire entendre.
SG : Constatez-vous, à travers vos campagnes d’informations que les consommateurs sont mal informés ou désinformés ? Si oui, constatez-vous un changement après connaissance de vos actions et campagnes ?
GZ : Tout est fait pour désinformer le consommateur ou parfois simplement, ne pas l’informer. Les modes d’élevages intensifs sont dissimulés. Avez-vous déjà vu une photo de poule en cage sur une boîte d’œufs ? Non, au contraire, les œufs de poules élevées en batterie sont commercialisés dans des emballages arborant des scènes bucoliques. Il en est de même pour la viande provenant d’élevages industriels. Le consommateur est donc induit en erreur par rapport aux modes de production. Bien des consommateurs sont ainsi abusés. Lorsqu’ils sont informés, il est fréquent qu’ils soient plus vigilants. À titre d’exemple, nous les avons informés de la signification des codes sur les œufs. Le chiffre 3 avant les lettres FR indique que l’œuf provient d’un élevage de poules en cage. Lorsqu’ils disposent de cette information, bon nombre de consommateurs réalisent qu’ils achètent, parfois depuis des années, des œufs de batterie. C’est très souvent le cas lorsqu’ils achètent des œufs sur les marchés.
SG : Avez-vous le soutien ou l’écoute d’une quelconque organisation d’Etat ? Opèrent-ils à des changements grâce à vos actions, tel que le souhaiteriez ?
GZ : La PMAF œuvre à la fois pour faire appliquer la réglementation existante qui protège les animaux d’élevage et pour la faire évoluer. Ainsi, à titre d’exemple, nous intervenons plusieurs fois par an à l’Ecole nationale de gendarmerie de Fontainebleau pour effectuer des « rappels » de la réglementation protégeant les animaux en cours de transport. Nous intervenons également dans de nombreux escadrons de gendarmerie à travers la France. Nous sommes également en relation étroite avec la Commission européenne, notamment pour que les directives européennes soient correctement transposées et appliquées. Concernant les évolutions réglementaires en faveur du bien-être animal, elles sont surtout le fait de l’Union européenne. Mais nous essayons d’être force de proposition, notamment grâce à un dialogue constructif et constant avec le ministère de l’Agriculture.
SG : Que pensez-vous de l’effet « Bio » ?
GZ : Le bio remporte un succès croissant et on ne peut que s’en réjouir ! Mais il faut être vigilant. Certains exploitants agricoles se tournent vers le bio plus par opportunisme que par réelles convictions. Or, le bio est une démarche globale. Par exemple, dans le cadre de l’élevage en bio, on attend de l’éleveur qu’il ait un bon sens de l’observation, qu’il ne brusque pas les animaux. C’est tout un état d’esprit. On assiste également à une volonté de certains acteurs de l’industrie agro-alimentaire d’assouplir les règles du bio. Il nous semble qu’il faut, au contraire un renforcement des règles du bio, notamment pour qu’elles intègrent davantage d’exigences sur le bien-être animal, et notamment sur les questions relatives au transport et à l’abattage.
SG : Merci Ghislain Zuccolo. En effet, l’information reste primordiale.
Visitez le site de cette association la PMAF.
Soutenez-les, informez-vous.