Outre le fait que « tri sélectif » soit un pléonasme nécessaire – cette association de mots redondants est utile pour marteler un message clair au grand public – , il est important de rappeler que sa fonction initiale – à savoir le tri ! – est parfois oubliée à cause de complexes systèmes administratifs et politiques.
Nous assistons régulièrement à des campagnes écologiques sur les efforts consentis par les industriels, en matière de réduction d’emballages. Le symbole le plus connu, le « point vert » est source de confusion. En effet, ce logo ne facilite pas les comportements du consommateur écolo, mais lui indique juste que l’industriel a adopté un protocole de tri et payé sa cotisation à un organisme !!
© photo Stefane Guilbaud
Entre le tri et les incivilités, une histoire d’emballage.
Notre société base tout sur les taxes et les paiements pour résoudre ses problèmes. Une fois de plus, le système est décalé. Les industriels ont vite pris le parti de s’auto affliger des « cotisations » afin de gérer la solution du tri. « Je paye, je suis donc clean ! », en quelque sorte.
Le problème est plus complexe.
– Premièrement, il suffit de constater que le paiement n’a jamais su induire la réduction d’emballage, mais bien au contraire « légaliser » sa sur-utilisation, voire son augmentation.
– Deuxièmement, ces pratiques « auto » indiquées, ne me semblent pas être la bonne mesure si l’on souhaite rester indépendant ou sans conflit d’intérêts. Le « laissez-nous » gérer cela entre nous n’a jamais été une bonne résolution.
– Troisièmement, tout compte fait, le fonctionnement du tri n’est pas enseigné !! Il suffit de discuter avec des personnes concernées par le sujet pour s’en rendre compte.
Une responsable de communication, m’expliquait en me remettant de la documentation. : « C’est très compliqué. Même nous, on s’emmêle les pinceaux. Certaines communes trient les emballages plastiques de yaourts, d’autre pas. Certaines laissent les poubelles jaunes, vertes et bleues séparées pour le traitement, d’autres les mélanges en fonction. On parle alors de tri-flux ou de bi-flux. C’est vraiment n’importe quoi et ça se voit, les gens sont découragés de trier. Trop complexe. »
Hélène Bourges, chargée de la campagne Alternatives au Centre national d’information indépendante sur les déchets, nous précise :
« À les écouter… [les producteurs qui alimentent les rayons des grandes surfaces]… ils rivaliseraient d’ingéniosité pour soulager la planète en proposant le minimum d’emballages. […] Lorsqu’un industriel fait un effort pour réduire ses emballages, c’est d’abord et seulement si cela fait sens du point de vue économique. Car l’emballage constitue l’un des meilleurs outils marketing pour l’industriel. Comment différencier deux marques de coquillettes dont le prix est sensiblement le même? Comment choisir entre deux dentifrices qui rendent l’haleine fraîche et les dents blanches ? Vous achèterez sûrement le produit dont l’emballage vous attire le plus.] » Il faut arrêter de croire – ou de nous faire croire – que l’emballage ne possède qu’un aspect pratique lié à l’hygiène, contre le vol ou encore pour la logistique. Sa fonction essentielle -pour ne pas dire première – reste le rôle « impactant » du produit et les industriels le savent très bien. Un seul mot oublié, déplacé, une typographie illisible, une couleur austère peut faire perdre des parts de marché escomptées. Le vrac ne les intéresse pas. Réduire à néant leur effort de valeur ajoutée visuelle serait dramatique pour leur croissance.
Il y a encore beaucoup d’emballages inutiles. Récemment, Leclerc a décidé d’enlever le carton de suremballage du dentifrice de sa marque. Initiative qui ne demande qu’à être généralisée, mais la route sera longue.
Arrêtons les sachets de thé individuels, protégés par un papier, eux-mêmes intégrés dans une boîte carton, les fruits et légumes sous cellophane ou en barquettes plastiques *, les pots en plastique ou boîtes de conserve décorées d’une collerette en carton, les unidoses de lessives, de café, de sucres, de biscuits, très gourmands en suremballages, etc.Hélène Bourges nous apprend : « Réduire le poids d’un pot de yaourt quand on vend toujours plus de yaourts n’a pas tellement d’impact au final. Une alternative sensée consisterait à proposer le yaourt en pot de 500 g. Aucun des grands producteurs français de desserts lactés ne l’a encore fait. […] nos voisins allemands utilisent ces grands pots depuis des années. […] moins d’emballages, c’est moins de ressources gâchées, moins d’énergie dépensée, moins de gaz à effet de serre émis, mais surtout moins d’argent pour les fabricants d’emballages et les producteurs. […] Les stocks de ressources sont pourtant limités et en grande partie non renouvelables. Quand les industriels prendront-ils enfin leurs responsabilités face à ce constat ? »
• LES MATIÈRES PREMIÈRES :
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée,
le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas. »Proverbe amérindien Cree.
Une alternative à tout cela peut émerger ! L’achat sans emballage ! et comment ? LE VRAC ! Achetez des pots en verre de décoration (des 2 litres et des 1 litre), comme jadis nos grands-parents. Achetez alors vos aliments secs (riz, pâtes, farines, biscuits, graines, épices, sels, sucres…) en vrac. Vous allez alors profiter de deux effets immédiats. Une économie dans votre budget et une poubelle réduite de moitié. De plus, la vue des pots remplis, de matière première, nous redonne le lien que nous perdons avec notre terre. Il va de soi que les produits sont d’autant plus intéressants s’ils sont biologiques et complets.
• LE TRI :
Mais alors quelle serait la solution ?
À mon sens il en existe trois, complémentaires …
1) Inciter au vrac dans les commerces. Un sans-marque, de qualité, sans sur-emballage.
2) Réintroduire les consignes. Je mène ce combat depuis 10 ans. Il faut réintégrer et responsabiliser le consommateur. Si nous consignons canette et bouteilles, nos rues, nos champs, nos jardins, nos pelouses, nos ronds-points, nos bords de route seront impeccables !! Aujourd’hui il est complètement fou de lire que seul McDonald®, en Suède, est eu l’idée d’encourager le retour de canettes en échange de hamburgers. On croit réellement rêver.
3) Peut être bien harmoniser les procédés de tri, entre toutes les communes, et enfin appliquer SUR l’emballage la couleur de sa destination de tri finale.
Pour moi, le tri sélectif n’est pas un pléonasme. En effet le tri permet de ranger les choses dans un certain ordre mais on n’enlève rien. Après le tri, il y a le même nombre d’éléments qu’avant le tri. Sélectif signifie sélection donc on élimine certaines choses. On peut trier sans éliminer et éliminer sans trier. Le tri et la sélection ne veulent pas dire la même chose. Le tri sélectif n’est donc pas un pléonasme