MESSAGE DE MISE À JOUR :
Cet article présentait le joli tour de pass-pass sur les bouteilles de Gambetta. Aujourd’hui, même si la recette a enfin été changée et que tout est revenu dans l’ordre, je laisse l’ancien article car cette histoire peut servir et faire écho à d’autres produits du marché.
Ce fut long… Mais merci à la distillerie Janot pour avoir enfin réagit et porté leur produit à la hauteur du souvenir de notre enfance.
Actuellement, les ingrédients du Gambetta sont :
Eau, colorant : caramel ordinaire, extrait de plantes, acidifiant : acide citrique, extrait d’agrumes.
Tout va bien ! Buvons un Gambetta limonade au comptoir !
ANCIEN ARTICLE :
Le Gambetta est une boisson que l’on apprécie dans le sud. Boisson locale par excellence depuis 1924, cette boisson à base d’extraits végétaux, se sert avec de la limonade très fraîche au bar, à la maison, ou sous la tonnelle, à l’ombre du cagnard* mais …
Fier de présenter ce produit du Sud, j’ai récemment offert des bouteilles achetées dans le commerce, à mes amis de Paris.
« Tu ne connais pas ? Parisien ! Goûte gari ! Tu connais pas ça, tu connais degun ! »
Mais quelque chose m’a interpellé dans la composition. Une inquiétude pour lequel je connaissais déjà la réponse. Je vous fais part de cette découverte, concernant ce produit, mais je peux vous assurer que cela vaut pour beaucoup d’autres produits. Il ne m’est pas difficile de les citer mais plus difficile de trouver des photos ou produits « prouvant » la modification de la composition. Aussi, avant de continuer, je lance un appel à toutes les personnes qui auraient encore dans leurs greniers ou caves de vieux emballages ou bouteilles de produits encore commercialisés à ce jour.
Observez bien la photo ci-dessus. Vous y voyez deux bouteilles de Gambetta, vues à la fois de face et de dos. L’une des bouteilles à été commercialisée en 1993, l’autre en 2009. Je ne connais pas les dates exactes de ces changements et m’en réfère aux deux dates limites, de consommation mentionnées, des bouteilles en ma possession. La forme a changé, la hauteur, le graphisme de l’étiquette. Rien d’extraordinaire. Tout produit qui se respecte se doit de changer, de s’adapter, de séduire en permanence. Mais rien n’indique sur l’étiquette que la composition a été modifiée. Rien n’indique que la recette de 1924 ou de 1993 a été discrètement ré-aménagée.
Commençons par l’ingrédient caramel.
Il est très certainement, depuis toujours, fait avec du sucre raffiné, mais cela vaut pour tous les produits commercialisés [d’autres billets traitent du sujet des sucres raffinés].
Mais ce qui est troublant, c’est que le « caramel » de 1993 est devenu sur la bouteille de 2009 « E150b » ! Si l’on en croit la nomenclature des additifs alimentaires, voici la liste des caramels disponibles sous la dénomination E150.
E150 a : Caramel
E150 b : Caramel sulfité
E150 c : Caramel ammoniacal
E150 d : Caramel au sulfite d’ammonium
En traduction de la recette de 1993, il devrait être encore mentionné aujourd’hui E150, mais cette dernière nous précise, en 2009, le E150 b et ce petit « b » a toute son importance : il s’agit d’un caramel sulfité !
En juillet 2005, une note destinée à des médecins, en particulier aux médecins allergologues et aux médecins pédiatres (1) mentionnait ces produits comme suspects. Ce caramel se nomme aussi « Caramel de sulfite caustique » ou bien encore « Caramel II (procédé au sulfite caustique) »
Mais là ne s’arrête pas ma grande surprise.
Le sucre a été remplacé par du sirop de glucose et du sirop de fructose et je ne peux m’empêcher de penser au couple glucose-fructose qui se retrouve dans un nombre impressionnant de produits mis sur le marché.
Une petite explication s’impose afin de comprendre pourquoi je réagis à cet ingrédient.
Retour en arrière.
En lisant Toxic de Wiliam Reymond, on y apprend ceci.
Le 2 décembre 1971, Earl Butz avait deux missions. sauvez la tête de Nixon, en plein période électorale, et transformer l’industrie américaine. L’Amérique avait depuis ses exportations massives de blés et de maïs vers la Russie, des stocks impressionnants de cette plante, le maïs qu’il fallait exploiter et transformer en or jaune ! Des chimistes de la Clinton Corn Processing Company avaient trouvé la pierre philosophale. Cette idée rentable qui allait encore aujourd’hui transformer chaque année 530 millions de boisseaux de maïs en 8 milliards de litres de jus de glucose-fructose, nommés le HFCS 55 (High Fructose Corn Syrup à 55% de fructose).
Aux Etats-Unis, à son insu, un américain absorbait 292 grammes par an au début de cette diffusion et en ingurgite aujourd’hui 33,4 Kg.
En France, j’observe le phénomène depuis vraiment 4 ans mais il s’est accéléré depuis vraiment 2 ans. C’est incroyable le nombre de soit disant recettes « traditionnelles » qui ont succombé à ce sucre de maïs. Les produits bons marchés en regorgent, mais les grandes marques se laissent tenter.
Mais que reprocher au HFSC 55 (En France, il se nomme glucose-fructose ou fructose-glucose) ?
« Le sucre de canne ou sucrose n’a pas la même structure moléculaire que le sirop de glucose fructose. Le premier est constitué d’une seule molécule. Le second en combine deux » répète sans cesse George Bray [Professeur auprès du Louisiana State University Medical Center et Directeur Emérite du Pennington Biomedical Research Center, Baton Rouge].
Ce même scientifique fini l’un de ses rapports en adressant un message aux parents « L’exposition de jeunes enfants à l’HFSC peut laisser des traces nuisibles dans leur cerveau. Rendant l’obésité plus probable et plus difficile à contrôler »
Le HFSC n’est pas un produit naturel et le prétendre serait un mensonge, c’est ce que Michael Jacobson clame.
Il s’agit d’un produit industriel, d’un produit transformé avec des centrifugeuses d’hydroclones équipées de colonnes échangeuses de cation et des seaux d’enzymes.
William Reymond nous rappelle que malgré son approbation en 1983 comme produit « sûr », le glucose-fructose n’a jamais été testé car la FDA (Fédéral Drug Administration) Cette administration américaine présume connaître le glucose et le fructose. Mais elle ne sait rien des deux molécules associées. Nous ne savons strictement rien des effets à long terme mais nous en connaissons déjà les effets à court-termes. L’ambiguïté du terme « fructose » est d’autant plus confusante que les fruits en contiennent, mais de là à mettre dans le même panier le fructose de fruit et de maïs !
L’ingestion de quantités de fructose favoriserait une augmentation des triglycérides sanguins, comme le rappelait l’Afssa dans son rapport de 2004 sur les glucides. Or, il est établi qu’un taux de triglycérides élevé est un facteur de risque cardiovasculaire(2)
Toujours dans ce livre, en page 192, on peut y lire une citation d’un retraité d’une compagnie fournissant du HFSC.
« La différence entre le sucre et le sirop de maïs ? Avant, vous buviez deux ou trois Coke d’affilée et, à cause des quantités de sucre, vous étiez malade. Maintenant vous pouvez vous descendre un ou deux litres et ne pas vomir. Pour recommencer quelques minutes après. Voilà la différence. »
Ce sucre liquide s’ingurgite très facilement et je vais à travers ce blog, tenter de retrouver d’anciennes étiquettes ou emballages pour vous démontrer la sournoiserie de son introduction sur le marché européen.
En fait ce sirop est soumis à une règle qui nous épargne un peu. En effet, afin de protéger l’industrie sucrière traditionnelle, en Europe, tout édulcorant contenant plus de 10% de fructose est soumis à un quota. Maigre consolation.
Pour se débarrasser de stock de maïs, une industrie a été autorisée à altérer notre alimentation, une fois de plus. Réagissez. Refusez TOUT produit en contenant … au nom de vos enfants ou futurs enfants.
Merci Thierry pour cette bouteille de 1993 que tu avais oublié sur une étagère dans ta cave et merci pour tes tuyaux pour trouver encore bien d’autres trésors.
Désolé pour mes amis parisiens. En Provence, on aime la tradition et ça se respecte. Si vous avez aimé cette boisson. Patientez. Je suis optimiste et reste persuadé que la distillerie Janot à Aubagne (Bouches-du-Rhône), va finir par revenir à la recette traditionnelle. Je leur ai d’ailleurs demandé des explications à ce sujet sur le net mais je n’ai jamais eu de réponse.
* soleil caniculaire
(1) Bibliographie référentielle
Dr. Yves Jean Charles et Jean Luc Darrigol : Guide pratique de diététique familiale. Éditions Dangles. 1987. 320 pages.
Dr. E.G. Peeters : L’ABC de la diététique. Guide Marabout. GM 41. 320 pages. Juin 1988.
Henri-Charles Geffroy : L’alimentation saine. Éditions Dangles, 1979, ré édité et mis à jour en 2001. 158 pages.
(2) http://www.lepointsurlatable.fr/index.php?id=448
EN SAVOIR PLUS :
Sur le site de manger-sain.creanet44, on peut y lire : «
Le sirop de glucose-
Extrait de définitions trouvées sur http://www.admin.ch :
Chapitre 2 Sucres, produits à base de sucres
Art. 4 Sucre liquide inverti, sirop de sucre inverti
Art. 6 Sucre de raisin contenant de l’eau de cristallisation et sucre de raisin exempt d’eau (glucose ou dextrose)
Art. 5 Sirop de glucose, sirop de glucose-fructose, sirop de fructose-glucose et sirop de glucose déshydraté, sirop de glucose-fructose déshydraté, sirop de fructose-glucose déshydraté
1 Le sirop de glucose est une solution aqueuse purifiée et concentrée de saccharides nutritives obtenues à partir d’amidon ou d’insuline.
2 Le sirop de glucose déshydraté est du sirop de glucose dont la matière sèche est d’au moins 93 % masse.
3 Si le sirop de glucose est obtenu exclusivement à partir d’amidon, on peut utiliser la désignation «sirop d’amidon».
4 Si le sirop de glucose déshydraté est obtenu exclusivement à partir d’amidon, on peut utiliser la désignation «sucre d’amidon».
5 Lorsque le sirop de glucose ou le sirop de glucose déshydraté contiennent plus de 5 % masse de fructose, rapportés à la matière sèche, ils doivent porter la désignation sirop de glucose-fructose ou sirop de fructose-glucose, sirop de glucose-fructose déshydraté ou sirop de fructose-glucose déshydraté, selon que la teneur en glucose ou la teneur en fructose est la plus importante.
Merci pour ces explications je ne risque pas d en racheter
Bonjour et merci, Stéfane, pour cette excellente recherche et cette veille alimentaire, nécessaire et salutaire, qui nous met en garde contre les agissements des petites entreprises qui perdent leur âme pour uniquement faire du profit ! et l’éthique dans tout cela ? quelle place accordent-elles aux consommateurs fidèles et promoteurs de leurs produits ?!
j’ai une bouteille de 2016
elle fait mention de « sirop de sucre » donc impossible de savoir quels sucre exactement, probablement la même chose (glucose + fructose).
et pour le caramel c’est maintenant du e150a qui ne contient ni sulfite ni ammoniac, mais qui est un colorant et non du véritable caramel obtenu en cuisine.